Elles sont venues de partout, en robe de princesse, en costume régional, en tenue de communiante ou de mariée, voire en robe de deuil et elles ont formé une ronde qui s’est envolée vers les champs ou l’église du village pour réclamer à Dieu l’absolution de toutes les petites filles que l’on a tant effrayées derrière la grille noire du confessionnal.
Elle ne voyait, la petite pénitente, qu’une paire d’yeux inquisiteurs et elle entendait des questions qui lui fouillaient l’âme, exhumant des images qu’elle n’avait pas vues, tant elle était naïve.
Certaines petites filles, déçues par ce monde et celui de l’au-delà, sont parties vers les chemins de la vie, en négligeant la différenciation entre le bon grain et l’ivraie.
Elles sont parties en serrant leur poupée contre leur cœur.
Respirant l’odeur fraîche et inanimée de ces jolies personnes en robe de taffetas et coiffées d’anglaises adorables et enrubannées, les petites filles réfractaires ont pleuré d’être aussi seules dans leur chambre sans personne à qui confier leur mal d’être, mise à part leur poupée, belle et muette comme l’énigme de la vie qui déroulait devant elles le tapis coloré de l’existence, sans rime ni raison mais avec tant de charme qu’il était séduisant de succomber aux rêves venus du monde des poupées.
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