jeudi 25 février 2021

Lisa- Marie

 



L’arrivée de Lisa-Marie créa une certaine effervescence qui rompit la monotonie de Fleur-Les-Lys.

C’était une dame d’âge mûr, avenante et paisible. Elle avait acheté une belle maison confortable, libérée du fait du départ de son propriétaire pour le Mali.

Militaire aguerri et célibataire, ne sachant pas s’il reviendrait indemne de l’opération Barkhane, il avait trouvé judicieux d’avoir de l’argent sur son compte-épargne pour assurer des lendemains difficiles probables.

Heureux de vendre sa maison natale à une personne sérieuse, retraitée de l’enseignement, il partit, l’âme légère, pour une zone de combats où l’ennemi, invisible les trois quarts du temps, se manifestait sournoisement en posant des bombes artisanales sur le parcours emprunté par les patrouilles.

Il envoya quelques lettres brèves à Lisa-Marie et lui offrit, par voie postale, un magnifique boubou bleu et des bijoux artisanaux de belle facture.

Lisa-Marie lui répondit ponctuellement et lui envoya quelques colis avec des denrées non périssables, des biscuits secs, de la confiture et des conserves de bons produits locaux.

Elle ajouta également un peu de linge et glissa quelques billets de banque car il se disait, çà et là, que les militaires ne percevaient plus leur solde régulièrement, le logiciel Louvois donnant toujours des signes de faiblesse.

Puis le lieutenant Arthur Louis cessa de donner des nouvelles et le dernier courrier envoyé par Lisa-Marie lui revint avec la mention «  Inconnu à l’adresse ».

Lisa-Marie pensa qu’il lui était arrivé quelque chose mais dans la mesure où elle ne faisait pas partie de son environnement familial, elle n’entreprit aucune recherche, pensant qu’un jour viendrait nécessairement où la raison de ce silence lui serait donnée.

Elle se tourna vers ses concitoyens, échangeant quelques propos sur l’air du temps avec les commerçants usuels, le boulanger, le boucher et un épicier fort avenant dont le magasin était judicieusement garni de tous les articles dont on pouvait avoir besoin dans une commune rurale.

L’épicerie «  Aux quatre saisons » tenue par André Ruffin tenait ses promesses et l’on y trouvait tout ce que la saison pouvait offrir de gourmand et de frais.

André proposait souvent du café ou du thé, voire des infusions, ce qui séduisait Lisa-Marie dont les activités cuisinées étaient réduites au strict minimum.

Elle aimait écrire confia-t-elle à Max qu’elle croisa par hasard et qui lui parut sympathique. La cuisine n’était pas son fort dit-elle et elle demanda à Max s’il connaissait une personne capable de réaliser quelques plats.

Max avança le nom de la fille d’Angèle, Rose, qui allait sur les brisées de sa mère et dont les spécialités étaient réputées.

«  Ce sera parfait, s’écria Lisa-Marie, le plus tôt sera le mieux car je me lasse des œufs à la coque et des salades paysannes ».

Sur cette promesse précieuse, Lisa-Marie acheta des épices, de la crème épaisse, du beurre, du lait de coco, du madère, de l’huile d’olive et de noisettes et d’autres ingrédients susceptibles d’entrer dans la composition de sauces gourmandes, farine en tout genre, blé,  maïzena, , et tout un assortiment de céréales.

André lui proposa de livrer toutes ces denrées chez elle.

Lisa-Marie, enchantée par la proposition, laissa un avoir conséquent pour que Rose achète ce dont elle avait besoin, au jour le jour.

Elle s’en retourna chez elle, ravie de bénéficier d’un havre de paix propice à l’écriture.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire