jeudi 25 février 2021

Rose aux doigts de fée

 


Le soir même, Rose vint chez sa patronne avec un petit repas qu’elle avait préparé avec soin. Il s’agissait de ris de veau à l’ancienne et d’une salade de jeunes pousses avec une vinaigrette à l’huile de noix, au citron et un trait de vinaigre de framboise. Prévoyant qu’elle pouvait ne pas aimer les plats à base d’abats, elle avait emporté une soupière de bouillon de poule et une daurade aux amandes. Une île flottante et un gâteau breton constituaient le dessert.

«  Ma parole, c’est un plat de ducasse » dit Lisa-Marie en découvrant toutes ces merveilles.

Enchantée par cet accueil, Rose servit promptement les mets qui donnèrent une énergie nouvelle à la dame qui se contentait du minimum ces derniers jours.

Le service terminé, elle repartit bien vite chez elle, promettant de revenir le lendemain avec un menu léger pour compenser l’apport calorique du soir.

Les journées passèrent comme un enchantement pour Lisa-Marie qui put, de ce fait, travailler, le cœur léger, à son roman historique Les Larmes du Soleil.

C’était un roman historique, avec pour personnage principal, un adolescent élevé selon les principes de la civilisation aztèque.

Ce jeune homme prenait la route après la disparition de son maître d’études et rencontrait les hordes de Cortès par l’intermédiaire d’une jeune interprète qui devint son égérie.

Cette jeune personne, fort avenante par ailleurs, l’amenait, petit à petit, vers les écritures chrétiennes et à une nouvelle religion.

Le stylo plume-or de Lisa-Marie glissait avec aisance sur le cahier-classeur de marque Clairefontaine, narrant et décrivant les péripéties de son héros et cette fois, la romancière pensait raisonnablement qu’elle pourrait enfin mettre le point final à ce petit roman si difficile à écrire puisqu’il nécessitait des recherches approfondies pour le moindre détail.

Comme le voile de Pénélope, le roman était toujours sur le métier et il arrivait souvent qu’un événement imprévu  oblige l’écrivaine à poser le stylo plume-or et à le ranger dans son écrin, jadis flamboyant et aujourd’hui défraîchi avec l’usure du temps.

Alors que Lisa-Marie, emballée par son récit, attaquait un chapitre essentiel, on frappa à la porte et, une fois de plus, le destin interrompit la course du soleil qui illuminait son roman.

 

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