jeudi 25 février 2021

Retour à la case départ

 



Le colonel Axel des Tournelles descendit lestement de son véhicule blindé, sage précaution même en territoire de paix et se présenta gravement à Lisa-Marie pour accomplir, lui dit-il, une action salvatrice.

Le lieutenant Arthur Louis avait subi une attaque terroriste. Projeté de son char, il avait subi une commotion cérébrale qui lui avait ôté la mémoire.

On avait retrouvé dans son paquetage les lettres que lui avait adressées Lisa-Marie et après des semaines de soins au Val de Grâce restées sans effet sur le plan mémoriel, on avait pensé qu’un contact physique à Fleur-Lez-Lys ne pouvait que lui être profitable, si la propriétaire de la maison y consentait.

«  Vous avez bien quelques chambres demanda le colonel car naturellement, il n’est pas question de vous laisser seule avec un homme jeune qui n’a plus toute sa tête. Il serait accompagné par son ordonnance et un infirmier.

Si vous acceptez cet hébergement, vous serez naturellement dédommagée et la patrie vous en sera reconnaissante.

Vous recevrez, en premier lieu, une décoration réservée à cet effet et des mensualités compensatoires vous seront octroyées pour pallier les désagréments occasionnés par cette présence.

Dans le cas où vous consentiriez à cette entreprise de la dernière chance, je vous annonce que vous serez soulagée quelques heures par jour dans la mesure où je prendrai toutes les dispositions nécessaires pour créer dans le village une salle d’armes ouverte à tous pour que le lieutenant entretienne sa forme physique, ce qui est indispensable à son équilibre.

Mens sana in corpore sano dit sobrement Lisa-Marie, prouvant ainsi par cette formule romaine ( en Français : un esprit sain dans un corps sain) qu’elle acceptait de donner l’hospitalité à un homme qui lui avait cédé sa jolie maison pour un prix raisonnable et lui avait offert, outre son amitié, un ravissant boubou qu’elle revêtait parfois pour se donner du cœur à l’ouvrage, lors de ses pages romancées notamment.

Rose apparut avec un plateau alléchant : café, thé et baba au rhum conclurent  l’entretien.

Le colonel remercia Rose avec effusion, baisa galamment la main de Lisa-Marie et s’en fut promptement régler auprès du maire de la commune l’installation d’une salle de sports qui donnerait  un charme supplémentaire, s’il en était besoin, à ce charmant village.

Lisa-Marie rangea son roman Les Larmes du Soleil avec un soupir en pensant mélancoliquement que son héros ne parviendrait pas encore, cette fois-ci, à se convertir au christianisme.

 

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