samedi 27 février 2021

Le jeu des portraits

 



Alors que l’enquête piétinait, Max alla voir son ami Florian, peintre de renom.

Ils parlèrent à bâtons rompus et finalement Max osa aborder l’objet de sa visite.

Toute l’affaire ayant son nœud gordien dans l’apparence, il serait bon, si le présumé Arthur Louis y consentait, que Florian fasse son portrait.

Un peintre mettrait peut-être en valeur un élément que personne n’aurait relevé.

«  Ce sera avec plaisir si l’on m’y autorise » répondit Florian et il ajouta que son frère jumeau, Victor, photographe d’art pourrait le seconder avec le regard précis de l’objectif et les jeux de l’ombre et de la lumière.

Les deux amis s’enthousiasmèrent et ils sollicitèrent de Lisa-Marie l’autorisation de se présenter chez elle afin d’obtenir son appui dans cette quête d’identité déguisée.

Lorsqu’ils arrivèrent chez elle et qu’ils lui firent part de leur projet, cette dernière partagea leur enthousiasme et leur promit de s’en ouvrir au colonel responsable de l’évolution de l’état du patient.

Ils prirent le thé, servi par une Rose qui s’avérait toujours être une perle.

Les trois invités militaires se joignirent au groupe et sans  se faire prier, Arthur se mit au piano et interpréta avec brio des airs d’Erik Satie et la valse d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski.

On eut l’impression que des anges survolaient la pièce et que l’on était projeté dans un monde idéal, à mille lieues du réel, tout à fait à l’opposé de l’univers militaire dans lequel il avait baigné.

L’officier présumé remit sur le clavier la pièce de velours brodée qui protégeait les touches d’ivoire et demanda la permission de se retirer car il se sentait fatigué.

Florian lui présenta son projet pictural et cela sembla plaire à celui qui avait perdu la mémoire, hormis un florilège musical qui lui venait spontanément à l’esprit.

«  J’en serai naturellement flatté, Monsieur. Tout ce qui peut me servir à retrouver la mémoire est le bienvenu. De plus, une piste artistique ne peut être refusée. C’est avec honneur que je poserai pour vous. De quelle manière opèrerons-nous ? Voulez-vous que je prenne la pose au piano, ici, ou voulez-vous que je vienne chez vous, pour que vous puissiez me peindre à votre convenance ?

Il en sera comme vous le souhaitez et j’apprécie à sa valeur le fait que vous me laissiez libre de mon choix. Cela prouve que vous avez un sens artistique aiguisé, ce que l’on peut déduire aisément en vous écoutant jouer des œuvres complexes au piano ».

Après cet échange qui prouva, une fois de plus, que cet homme n’avait pas été à sa place dans le désert au milieu des embuscades, chacun prit congé.

Max et Florian terminèrent la soirée au café «  Chez Marius » mais ils prirent soin de ne pas parler de leur projet car ils avaient l’impression que c’était l’entreprise de la dernière chance.

 

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