vendredi 19 février 2021

Le seigneur du beffroi

 



Astrid s’en allait gaiement chercher les fleurs dont elle ornerait la statue de la Vierge Marie qui était la sculpture principale de l’église Saint- Michel. Elle n’oublierait pas d’offrir du muguet à Florian qui était son mentor en matière artistique.

Soudain, elle se sentit enlacée par des bras puissants. Elle voulut crier mais la personne maléfique lui appliqua un mouchoir imbibé de chloroforme sur la bouche et elle perdit connaissance.

Lorsqu’elle se réveilla, elle était allongée, nue, entre deux épaisseurs de fourrure dans une salle obscure.

Un homme s’approcha d’elle, demi-nu, juste couvert d’un pagne couleur soleil et il portait un loup de velours sur le visage.

Il effleura son corps avec insistance et murmura :

«  Belle du Seigneur, tu es à moi, tu es mon Ariane, mon étoile polaire, ma beauté.

Tu resteras ici jusqu’à ce que tu consentes à devenir mon épouse.

Je t’ai choisie entre mille et pour cette raison, tu me dois obéissance et amour ».

Pensant qu’elle avait malheureusement affaire à un aliéné, Astrid préféra demeurer silencieuse mais comme le forcené introduisait un doigt dans la conque veloutée de son être, elle protesta :

«  Tout beau, mon prince ! Si vous me voulez toute à vous, consentante, respectez mon intimité, je vous prie ».

L’homme se rétracta et quitta la pièce, laissant la jeune fille soulagée mais inquiète de son devenir.

Il revint souvent la voir, lui apportant à manger, la lavant et lui brossant les cheveux.

Il lui apporta enfin un caftan lumineux et des sous-vêtements en dentelle et en soie et l’aida à s’en vêtir.

Il lui prit la main et l’emmena, en empruntant un escalier, dans une jolie chambre princière.

«  Ma princesse, ma poupée d’amour, vous voici chez vous mais n’oubliez pas que vous êtes à moi.

Je suis votre prince, le seigneur du beffroi et comme Quasimodo dont je n’ai heureusement pas la laideur, je vous garderai jusqu’à mon dernier souffle. Votre seul salut consistera à me donner votre consentement pour une union vouée à l’éternité ».

L’étrange personnage, toujours masqué mais vêtu avec élégance, quitta la pièce, la fermant soigneusement à clef.

Astrid explora la chambre qui était dotée d’objets et de meubles précieux, le plus souvent en merisier.

Un lit à baldaquins occupait une grande partie de la pièce et il était flanqué d’un joli secrétaire et d’une coiffeuse garnie de savons exquis, de produits de maquillage et de crèmes odorantes et de parfums.

Dans une petite pièce contiguë, il y avait une baignoire sophistiquée et dans un autre petit salon, il y avait une bibliothèque, un fauteuil Récamier incitant à la lecture et à la rêverie et surtout un chevalet, des toiles, des pinceaux et toutes sortes de tubes de couleur, ce qui prouvait que le ravisseur ne l’avait pas choisie au hasard et qu’il connaissait ses aptitudes artistiques.

Son apparence, masquée pour le visage, en partie, ne lui rappelait personne et son langage ne semblait pas correspondre à la façon de parler des hommes qu’elle connaissait.

Il n’avait pas l’accent du nord et le badinage amoureux, précieux et livresque qui le caractérisait semblait appartenir à une langue étrangère, composée pour mieux la tromper.

Lasse de réfléchir en vain, Astrid prit un bain, revêtit une jolie chemise de nuit jetée artistiquement sur le couvre-lit et s’endormit en espérant que ses amis, Florian notamment, trouveraient une piste pour venir la délivrer.

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