mercredi 14 septembre 2022

Dona Felicia

 

Dona Felicia


Jouant de l’éventail avec grâce, juchée sur des talons hauts et retroussant ses jupons pour danser le flamenco, Dona Felicia attirait du monde dans le cabaret où elle se produisait.

Elle avait ses admirateurs réguliers, ceux qui n’auraient manqué son numéro sous aucun prétexte, y compris la blessure causée par un taureau.

Des toreros célèbres l’adulaient, voyant en elle leur alter ego.

La gestuelle de la danseuse, les mouvements de ses bras, les ondulations de son corps en harmonie avec la musique et le chant susurré par Hernando, l’autre vedette du cabaret emplissaient les cœurs des rubis de l’amour et de la passion.

Geneviève suivait, fascinée, la danse voluptueuse et sacrée de cette femme qui lui faisait penser à une vestale.

Elle avait le feu sacré et la flamme ardente de son corps se propageait dans la salle, irradiant des langues de feu.

Des roses, des bijoux précieux, des colliers de perles atterrissaient sur la scène à la fin de la prestation de Dona Felicia qui se retirait sous les vivats.

Des admirateurs avaient fleuri sa loge qui n’était plus qu’un gigantesque bouquet.

Geneviève lui offrit une robe en dentelle, un magnifique ouvrage que Marguerite lui avait confié en lui disant «  les dentelles doivent vivre sur un corps majestueux sinon elles jaunissent et périssent ».

Dona Felicia la remercia chaleureusement car cette dentelle de Valenciennes était une pure merveille.

Geneviève lui parla avec admiration car elle était une Diva à sa manière.

Elle lui offrit un pont d’or pour qu’elle accepte d’honorer leur salon de thé de sa présence divine.

« Je ne peux pas répondre à toutes les sollicitations lui dit l’artiste mais il y a quelque chose en vous qui m’incite à vous répondre positivement ».

Geneviève revint chez elle, le cœur gonflé d’amour.

Lors de sa venue chez Marguerite, Dona Félicia souleva un irrésistible enthousiasme en apparaissant dans sa fabuleuse robe de dentelle.

Hernando l’accompagnait de sa voix veloutée tandis que Salomon, à la guitare, faisait frémir les accents du fandango millénaire.

Ce fut un moment divin et lorsque le trio profita de la nuit pour disparaître, chacun se demanda s’il n’avait pas rêvé.

Le trio magique revint ponctuellement et à dater de ces exceptionnels moments, on engagea une cuisinière experte en paellas. Ce plat ensoleillé rivalisa avec le couscous qui plaisait tant à une clientèle choisie et raffinée.

Un soir, un breton dit plaisamment : «  il ne vous manque qu’un kig ha fars, des galettes de sarrasin, des crêpes Suzette et des bolées de cidre sans compter un bagad et des danseurs ».

« Tope là » dit Geneviève à Pierrick de Locronan.

Ce dernier promit de revenir avec un groupe folklorique et il assura qu’il viendrait également avec une brigade de cuisiniers pour concocter des plats savoureux aux saveurs terrestres et océanes.

 

 

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