jeudi 8 septembre 2022

Geneviève des faubourgs

 

Geneviève des faubourgs


On l’appelait ainsi, Geneviève des faubourgs car sa beauté n’avait d’égale que sa vertu.

Elle n’était pas seulement belle, elle avait le sens du devoir et n’hésitait pas à combattre pour défendre des enfants, des personnes âgées et des jeunes femmes sans défense.

Elle avait pris des cours de boxe, de judo, savait manier une épée ou un sabre. Elle ne possédait aucune arme létale mais elle se sentait en mesure de désarmer un malfrat pour le tenir en respect.

Or, un soir, alors qu’elle profitait du clair de lune pour trouver l’inspiration car elle était poète à ses heures perdues, elle assista à un spectacle qui la stupéfia.

Trois individus cagoulés s’en prenaient à une dame âgée. Non contents de lui voler son sac, ils l’avaient jetée à terre pour la rouer de coups.

N’écoutant que son courage, Geneviève se saisit d’un rondin de bois et s’élança contre les malfaiteurs en passe de devenir des assassins.

«  Une fille ! On aura tout vu ! Par ici, ma belle, on te réserve des moments inoubliables » dit l’un des trois individus.

Geneviève lui asséna un coup de gourdin sur la tête. La violence du choc fit vaciller l’audacieux comparse.

Les deux autres préférèrent prendre le large avec les billets contenus dans le sac qu’ils abandonnèrent sur place.

Geneviève aida la vieille dame à se relever, lui tendit son sac en lui promettant de remplacer les billets manquants puis elle l’accompagna chez elle.

La maison de Marguerite, professeur à la retraite, veuve depuis dix ans, avait le charme suranné des lieux qui s’imprègnent de la personnalité de son occupant.

Geneviève fit chauffer de l’eau pour préparer du thé ou du café, selon la préférence de son hôtesse.

Ce fut du thé à la bergamote. La maîtresse de maison se souvint qu’elle avait confectionné des cannelés et un cake aux fruits confits.

Geneviève ne se fit pas prier pour déguster ces pâtisseries-maison qui s’avérèrent délicieuses.

Ensuite, elle proposa à celle qu’elle avait sauvée de veiller sur son sommeil.

«  Ces gredins pourraient s’aviser de venir chez vous pour se venger. Demain, nous irons ensemble au commissariat pour porter plainte ».

Geneviève dormit près de sa protégée en utilisant un confortable canapé.

Le lendemain, elles se rendirent au commissariat, firent un récit de l’agression et établirent avec l’aide des policiers spécialisés, un portrait-robot des dangereux individus.

Certes, elles n’avaient pas pu voir leur visage mais certains indices purent être mis au jour, notamment des tatouages qui sortaient de l’ordinaire, un griffon pour l’un, une rose noire enserrant un scorpion pour les deux autres.

Après avoir mentionné la somme dérobée, les deux amies de fortune relurent le procès-verbal, apposèrent leur signature et sortirent, soulagées, de cet endroit à la fois nécessaire et indésirable.

Geneviève proposa une promenade en bateau-mouche et tandis qu’elles voguaient sur les flots mythiques de la Seine, leur esprit vagabondait.

Marguerite se remémorait les bons moments vécus auprès de son mari et Geneviève pensait à son avenir.

Elle ne pourrait pas jouer les redresseurs de torts à l’infini. Elle vieillirait et perdrait sa vélocité et sa force.

Parviendrait-elle à s’imposer par l’écriture ? Devenir une romancière connue et félicitée pour la qualité de ses ouvrages ne la séduisait pas outre mesure.

Il lui faudrait cependant gagner sa vie. Alors, que faire ?

Comme si elle avait suivi les méandres de son amie, Marguerite lui dit alors :

«  Vous savez, j’ai quelques économies et la maison m’appartient. Si vous le souhaitez, je ferai de vous ma légataire. De cette manière, vous ne serez pas dans le besoin et vous pourrez continuer à faire le bien autour de vous ».

Pour sceller cet accord, les deux amies déjeunèrent dans un bistrot que Geneviève appréciait pour la qualité de ses plats traditionnels, tripes à la mode de Caen, langue de bœuf sauce madère ou de la blanquette de veau.

Ce jour-là, il y avait au menu de la garbure, du magret saisi sur le grill accompagné de haricots tarbais.

Les deux amies firent honneur aux plats et dégustèrent une crème brûlée au dessert.

Elles reprirent ensuite le chemin de la maison de Marguerite qui était devenue également celle de Geneviève et toutes deux prirent un repos bien mérité.

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