jeudi 1 septembre 2022

Une étrange disparition

 


Une étrange disparition

Chevauchant à travers les plaines et les forêts, Louis des Roselières était pressé de raconter les péripéties de son enquête et de révéler au chevalier sans nom son identité.

Edouard de Rochenoire ferait à nouveau sonner son titre comme celui d’un  noble chevalier revenu couvert de gloire d’une sainte croisade.

Mais en arrivant au château, il fut surpris d’apprendre que le chevalier en quête d’identité avait disparu sans que personne ne se soit rendu compte de son départ.

Louis des Roselières narra par le menu son étape chez Maheut des glycines et surtout son court séjour chez Magdalena de Jésus qui leur avait ouvert les portes menant aux secrets de destins singuliers.

Après mûre réflexion, chacun proposa une hypothèse et l’on promit d’étudier chacune d’elles pour construire une solide rhétorique.

Colombe avait préparé un petit souper, bouillon dont elle avait le secret, bœuf en gelée et purée de topinambours puis des œufs au lait aromatisés au caramel.

Tous y firent honneur, les mets les plus simples étant parfois les plus appréciés puis on alla se coucher, espérant que la clef finale serait donnée par l’intermédiaire d’un songe.

Personne ne rêva cependant et l’on préféra s’en remettre à la logique pour interpréter les faits survenus au château et sur les bords de la Dordogne.

Louis des Roselières écrivit à Maheut pour l’informer de la disparition de son ancêtre et il lui demanda de le rejoindre au château de Canteleu : son suzerain lui en avait donné la permission et il avait hâte de connaître celle qui établissait un lien aussi puissant avec le chevalier dont chacun avait épousé la quête de son identité.

Maheut emporta dans ses bagages son berceau et le tableau représentant la belle Aurore des Tournelles offerts par Magdalena de Jésus.

Cette dernière ajouta un présent destiné à Cassandre : il s’agissait d’une étoffe fine, soie et fils d’or, rapportée de Jérusalem  par les Templiers.

Sous bonne escorte, Maheut parvint rapidement aux abords du château.

Les guerriers qui l’accompagnaient durent néanmoins affronter des ennemis envoyés par Hubert de Hauteville qui ne se résignait pas à la défaite.

On soigna les blessés au château et un accueil chaleureux fut réservé à la belle Maheut.

Sous l’emprise d’une forte émotion provoquée par sa beauté, les habitants du château reçurent les présents de la jeune femme avec une infinie gratitude.

Maheut offrit au maître des lieux la tenue d’apparat qu’elle avait terminée mais Dorian la trouva si belle qu’il décida de la réserver pour le vainqueur d’un tournoi donné au nom de la divine visiteuse.

Chaque chevalier reçut un mouchoir brodé et toutes les dames purent choisir une coiffe en dentelle qui convenait à leur type de beauté.

En rougissant un peu, Maheut présenta à Louis des Roselières une chemise de soie brodée de roses d’or.

Louis ne put cacher son trouble ce que chacun préféra ignorer pour ne pas aggraver son émoi.

Afin de faire diversion, Maheut mit à l’honneur sa cuisinière personnelle, Céleste la bien nommée tant ses plats recherchés emportaient les gourmets dans un univers délicieux.

Elle avait conçu, entre autres, un merveilleux dessert consistant en une glace recouverte de meringue, posée sur un fond de génoise et flambée à l’armagnac avant d’être servie.

Colombe accueillit Céleste avec joie et toutes deux se dirigèrent vers la cuisine pour y exercer leur art.

Dame Cassandre proposa à Maheut de prendre un peu de repos et celle-ci reçut l’offre avec reconnaissance.

Elle avait hâte de prendre un bain parfumé et de s’étendre dans un lit pour retrouver ses esprits.

Des rêves où apparaissait Louis des Roselières dont elle était amoureuse sans oser se l’avouer habitèrent des nuages ourlés de roses et de lys.

Lorsqu’elle s’éveilla, elle trouva à son chevet un magnifique portrait.

Il représentait un chevalier de haute taille, richement vêtu d’un pourpoint brodé. Ses longs cheveux d’un or vénitien princier tombaient en cascades sur ses épaules finement dessinées.

C’était le portrait du chevalier sans nom, Edouard de Rochenoire disparu lors d’une croisade et réapparu, tel un songe matérialisé, pour que sa fille vienne le reconnaître et libérer son esprit tourmenté.

Seul un ange peut ainsi dessiner pensa-t-elle mais l’indiscrétion d’une servante lui révéla que ce merveilleux portrait était l’œuvre de Louis des Roselières dont ce n’était pas le seul talent.

Maheut choisit une tenue festive et revigorée par ce cadeau qui semblait venu du ciel descendit dans la pièce centrale pour remercier les châtelains de leur hospitalité.

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