Lucien et le griffon d'or

 

Lucien et le griffon d’or

Après avoir retrouvé ses esprits, Lucien que l’on surnommait Griffon d’or en raison de son tatouage et de son amour pour la saga d’Harry Potter, partit chez lui, la rage au ventre.

Avoir été assommé par une fille, quelle honte ! Foi de Griffon d’or, il aurait sa revanche !

Il pénétra dans une maison cossue où l’avaient précédé ses compagnons diaboliques.

Leur habitation extrêmement confortable et richement meublée, ils ne l’avaient ni achetée, ni louée. Ils s’en étaient tout simplement emparés, en toute légalité, grâce à une loi absurde qui permettait à des squatters de vivre en propriétaires dans une maison à condition de changer les serrures, de faire appel à un service d’état pour avoir une facture à présenter et de déclarer sur l’honneur être le propriétaire de la maison, dans un délai de vingt-quatre heures.

Lucien dont le casier judiciaire était vierge avait joué à merveille le rôle du propriétaire parfait.

Quant à celui qu’ils avaient éliminé, n’ayant que ses yeux pour pleurer, il avait dû se réfugier dans un foyer pour ne pas vivre dans la rue.

Il n’osait plus s’approcher de son domicile car la dernière fois qu’il s’y était risqué, il avait reçu des menaces et la présence au côté de ses spoliateurs d’un dogue impressionnant l’avait dissuadé de récidiver.

« Cinq cents euros, c’est tout ce qu’il y avait dans le sac de la vieille ? Avec ça, nous n’irons pas loin ! Il va falloir se remettre en chasse » dit Lucien à ses acolytes mais Sylvain Meurt-de-soif le sécha brutalement en lui rappelant qu’une fille lui avait fait mordre la poussière.

«  Elle ne perd rien pour attendre, cette donzelle ! Je saurai bien la retrouver pour lui rendre sa politesse mais on a mieux à faire.

Avez-vous repéré des villas que l’on pourrait dévaliser » ?

Lionel Le Hardi, ainsi surnommé parce qu’il adorait la bagarre, répliqua que, pour sa part, il préférait attendre l’occasion d’un soir.

«  Cinq cents euros, c’était toujours mieux que rien et l’opération avait été facile »

Julien rétorqua que cette aventure pouvait leur coûter cher si une plainte était déposée à la gendarmerie.

«  Eh bien, on changera de quartier ou mieux, on ira dans le sud. Les belles maisons à squatter, ça ne manque pas » dit Sylvain, partisan du moindre effort et les trois malfaiteurs furent d’avis qu’il vaudrait mieux quitter la maison à l’aube.

«  Bien malin celui qui nous retrouvera ! On laissera le chien au tocard » dit Lionel mais les deux autres penchèrent pour l’exécution de l’animal.

Il pourrait conduire les autres sur notre piste renchérit Julien et il abattit froidement la bête qui avait veillé fidèlement sur la maison.

Le lendemain, ils partirent sans regrets et sans remords, laissant derrière eux le souvenir de leurs méfaits.