mercredi 21 septembre 2022

Plus jamais

 

Plus  jamais


Une chape de plomb s’est abattue sur moi, me plongeant dans un coma intellectuel.

« Veuve », ce mot que je préfère reléguer au chapitre identitaire m’est parfois asséné comme une gifle ou un reproche.

«  On m’a dit que vous étiez veuve » ! Qu’attend-on de moi exactement ? Que je pleure ou que je revive sans cesse les moments tragiques subis lorsque  tu m’as quittée, toi qui étais à la fois mon royaume et mon roi ?

Alors bien sûr je me lance dans la trame narrative de tes derniers instants, souffrant mille morts tandis qu’une expression «  Plus Jamais » martèle mes tempes et broie inexorablement mon cœur.

Oui, j’ai le cœur brisé mais je ne peux me résoudre à le proclamer. Cet incommensurable chagrin ne peut pas devenir un banal sujet de conversation.

Je me refuse à ce que ta personne soit exposée comme un arbre mort.

En réalité, je ne suis pas seule puisque tu ne m’as jamais réellement quittée.

Je te porte en moi, tu es là !

Il s’en faut de peu que je n’entende ta voix ou que tu n’apparaisses, inquiet, la nuit, en ne me voyant plus à tes côtés.

Tu craignais tant que je ne tombe que tu te levais pour me trouver à la cuisine, buvant un verre de sirop de violette pour dissiper mes angoisses.

Ta main dans la mienne, plus jamais ?

Nos mains avaient cette particularité d’être pratiquement identiques et qu’elles se superposaient à la perfection.

Alors, plus jamais vraiment ? Comment est-ce possible ?

Je laisse la vague perpétuelle de la douleur me rouler dans l’écume des jours qu’il me reste à vivre avant de te rejoindre dans ce royaume où, je le sais, tu m’attends.

 

 

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