Les Saintes-Maries-de-la-Mer

 

Les Saintes-Maries-de-la Mer

La nuit portant conseil, Geneviève se leva avec une vision claire de ce qu’elle devait faire et elle exposa à ses amis le fruit de ses méditations.

« Pour vous, les amis, je resterai Geneviève car je ne peux pas renier mes origines mais pour la clientèle du salon, je demeurerai Guenièvre et la geste de Lancelot et Guenièvre des faubourgs continuera à enchanter l’auditoire au son de l’orgue de barbarie.

Je suis très reconnaissante à la reine des gitans pour ses révélations et je suis persuadée que Manuel est un nouveau Django Reinhardt. Néanmoins je ne les verrai qu’occasionnellement car je n’oublie pas que leur famille a chassé ma pauvre mère.

Pour en savoir plus sur la tragique destinée de Roxane la belle, je m’en remettrai à la Providence. Mes pas se porteront vers La Montagne Sainte Geneviève et pour élargir le spectre de mes trouvailles, je participerai au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer car je crois que si ma mère est toujours en vie, elle sera très certainement au nombre des pèlerins ».

Cela dit, elle proposa de tourner la page, rangea les cadeaux de Maria, ne gardant que la photographie de sa mère sur la table d’exposition.

Chacun approuva sa prise de position et Mario ajouta qu’il serait peut-être intéressant, à tous points de vue, de faire appel à un groupe musical et chorégraphique pour mettre en valeur la culture gipsy.

« Vive Les Yeux Noirs » s’exclama Marguerite et elle conclut la séquence des projets en suggérant de recourir également à des danseuses du French Cancan.

On applaudit ces idées et on songea qu’il faudrait agrandir le salon en ajoutant une pièce réservée au spectacle.

Puis chacun vaqua à ses occupations habituelles.

Geneviève partit très vite exercer sa randonnée sportive d’éveil et Marguerite rendit visite au commissaire pour savoir si l’enquête concernant ses agresseurs avait porté ses fruits.

Mario se pencha sur une nouvelle mise en scène et une complainte d’un genre différent prit forme.

«  Sur les rives de la Méditerranée, trois femmes, Sara la vierge noire et ses deux compagnes, Marie-Jacobé et Marie-Salomé veillent, assurant la paix et l’harmonie aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

Elles rappellent aux passants leur passage de la Terre Sainte à la Provence au moyen d’une barque avec l’unique soutien du Seigneur des cieux.

Roxane, reine de beauté déchue, rongée par la misère et le chagrin, erre sans doute sur le rivage de la ville sainte au milieu des pénitents.

Les yeux bandés par une étoffe noire qui la protège de la lumière, elle va, les bras ouverts au vent, cherchant sa fille, Geneviève à la blonde chevelure et aux yeux turquoise.

Fidèle à son image pieuse, Geneviève continue à aider les orphelins et les misérables.

Secondée par Galaad, elle part à la recherche du Saint Graal pour que reviennent la paix et l’harmonie.

Une étoffe irisée ceint sa taille et ses hanches et elle va, d’un pas dansant, au rythme gipsy d’un peuple en marche ».

Satisfait de son nouveau texte qu’il pourrait ensuite peaufiner, certain de détenir un succès populaire, Mario composa une musique qui fit appel aux anges et à la céleste harmonie.

Ainsi s’acheva la première journée dédiée aux Saintes-Maries-de-la-Mer et à leur lumineuse protection.