vendredi 7 août 2020

La Venus bleue

 

La Venus bleue

Elle était si belle dans ses vaporeuses toilettes bleues qui jetaient une note céleste sur les murs de briques rouges des maisons de la rue où elle vivait qu’on l’avait surnommée la Vénus bleue et que l’on avait même oublié son prénom, Anita.

Sa taille fine et élancée, ses yeux de biche, parfois effarouchés et le plus souvent langoureux et passionnés, les yeux d’ Audrey Hepburn ou ceux d’Audrey Tautou, offraient à tous une part de rêve et d’espoir.

Lorsque les cloches sonnaient, incitant les fidèles à se rendre à l’église, elle mettait une mantille sur ses cheveux, jetait un mantelet sur ses épaules et chaussée d’espadrilles basques, partait d’un pas léger pour écouter l’homélie du prêtre et suivre le rituel du sacrifice divin pour l’amour de tous.

Sa croix brillait sur sa poitrine et elle s’adressait au ciel pour connaître les desseins de l’Eternel.

Pourquoi  lui avoir fait don de cette beauté qui parfois tournait la tête malade de certains hommes qui l’importunaient, lui tenant parfois des propos obscènes.

Cette beauté disparaîtra et s’effeuillera peu à peu comme une rose d’orient.

Tu pourras garder les pétales dans un réticule de bal et lorsque les parfums se seront évaporés, tu te retireras dans un monastère pour y chanter les louanges divines.

Rassurée par ces propos qui lui semblaient provenir d’un angelot, Anita revint chez elle et trouva un homme qui l’attendait avec une demande en mariage.

Elle lui prépara du thé et en guise de réponse lui dit en souriant : ma beauté, si tant est qu’elle existe, se fanera avec le temps. Ne m’en tiendrez-vous pas rigueur ?

Mais le jeune homme, prénommé André, lui embrassa la joue en lui répondant : nous compterons les jours de bonheur et nous les offrirons aux anges pour qu’ils nous envoient des enfants, reflets de notre amour !

 

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