jeudi 13 août 2020

Une dentelle de nuages

 


Alors qu’elle gardait son troupeau de moutons dans les alpages, Louisa, après avoir épuisé les occupations habituelles, lecture, broderie, flûte de Pan, s’amusa à observer les nuages en prenant garde de ne pas se fixer trop longtemps car des bêtes avaient vite fait de prendre la poudre d’escampette.

Son chien Maximus était un excellent gardien et il avait l’œil aux aguets même quand il semblait dormir.

Mais une défaillance était toujours possible dans ce tandem performant.

Une flottille de nuages l’enchanta. De gros bonbons cotonneux s’étaient effilés, formant une dentelle digne du pinceau de Vermeer de Delft.

Elle rêva d’un ouvrage qui aurait une finesse similaire.

«  Me permettez-vous de vous attribuer le titre de Muse » ? dit une voix de velours.

Louisa descendit des nuages pour revenir sur terre, découvrant ainsi un jeune homme aux traits délicats, les cheveux longs noués par un catogan, une besace sur l’épaule.

Louisa consentit à ce qu’il lui tienne compagnie et tous deux se mirent à deviser tout en surveillant le troupeau.

Lorsque les nuages s’ourlèrent de pourpre et de jais, les deux amis décidèrent de mettre un terme au pacage des bêtes.

Maximus se montra à la hauteur pour rabattre les bêtes dans l’enclos.

Cette tâche achevée, Louisa et Fabio firent une toilette rapide avant de s’installer dans la pièce principale où flambait un bon feu.

Sylvia, la grand-mère de Louisa leur avait préparé un savoureux plat de la région, de la piperade aux œufs brouillés.

Les jeunes gens firent honneur à ce mets qui requérait de la précision dans la taille des légumes et la cuisson, à la poêle, au-dessus du feu.

Du pain maison lesta le tout tandis qu’ils burent du vin de côtes de Gascogne à la régalade.

Gâteau basque et entremets rafraîchis au-dessus du puits firent glisser le tout dans un estomac qui se déclara repu, à la mode de Navarre.

Fabio remercia ces dames en interprétant un air de sa composition à la flûte de Pan puis chacun se retira dans sa chambre et sombra bien vite dans le sommeil.

Le lendemain, après un café aromatisé à la cardamome et du fromage de brebis, des tranches de pain accompagnées de confiture complétant la collation, les deux amis se séparèrent en se jurant de se revoir après la transhumance.

Fabio reprit la route, dessinant, écrivant et chantant lors des haltes campagnardes.

Louisa créa des bijoux et elle réalisa entre autres une bague en forme de nuage.

Lors des retrouvailles, Fabio déclara officiellement sa flamme à la belle Louisa qui l’avait sans cesse accompagné en son cœur puisqu’elle était sa muse, de fait.

Les noces furent célébrées en toute simplicité et la gaieté de bon aloi fut au rendez-vous.

On mangea bien mais sans excès, on chanta, on dansa et cet épisode festif figura au nombre des beaux événements de l’année !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire