mercredi 12 août 2020

Le parfum de la reine

 

 

Pour les vingt-cinq ans de la reine Anastasia, son parfumeur décida de créer une fragrance hors du commun.

Il s’enferma dans son laboratoire, tentant l’impossible harmonie entre la rose, le jasmin, le gardénia et une substance qui relevait du rêve à mi-chemin entre la frange d’un nuage, l’écume d’une vague et la saine sueur de son palefroi, Sabot de feu.

Parvenu à un équilibre, il testa le parfum sur sa propre fille Blandine, charmante adolescente qui, loin de courir le guilledou, était le plus souvent assise dans la véranda, un livre à la main.

L’effet du parfum fut tel qu’elle se précipita dans les jardins, entraînant à sa suite les hommes de tout âge qui lui tinrent un langage fleuri auquel elle répondait par un florilège de citations littéraires qui éloignèrent rapidement les courtisans déconcertés.

Le parfumeur Eusébio fit prendre un bain prolongé à sa fille pour lui enlever tout soupçon de parfum.

La situation redevenue normale, Eusébio chercha un nouvel ingrédient destiné à atténuer l’effet «  suivez-moi, jeune homme » du parfum car il n’était pas digne, pour une reine, de susciter un désir fou auprès de ses sujets.

D’essais en essais, il obtint un effet stabilisateur avec un dosage de pivoine et de lys royal.

Il contacta alors le maître verrier du royaume et lui commanda de jolis flacons nantis de vaporisateurs pour que le cadeau d’anniversaire atteigne le zénith.

Et c’est ainsi que la belle Anastasia vit sa beauté rehaussée par le plus subtil des parfums !

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