lundi 3 août 2020

Pierre de Lune

Par une nuit noire, Héloïse aux yeux d’or rêva de biches courant dans les halliers pour échapper aux chasseurs précédés par une meute royale.

Un cerf blanc portait entre ses bois une carte mystérieuse où apparaissaient des hameaux cerclés de blanc.

Au réveil, Héloïse trouva la carte sur sa courtepointe, preuve qu’elle n’avait pas totalement imaginé la scène nocturne.

Pierre de lune attira son attention et elle décida d’y partir sur le champ après une toilette rapide et un petit déjeuner à base de céréales et de laitages.

Une fois prête, elle se glissa à l’intérieur de la calèche qui portait ses armoiries avec la devise : Amour jamais ne renieras et te blottiras en Flore.

Cette étrange formule avait été imaginée par un ancêtre qui avait vécu une passion hors du commun au cœur de la nature.

La femme qu’il aimait lui était apparue comme la quintessence de toutes les fleurs du monde tant sa beauté semblait surnaturelle.

Héloïse devait à cette aïeule ses yeux d’or, inoubliables lorsqu’on les avait contemplés.

Le voyage se passa comme un songe et lorsqu’ils arrivèrent dans le hameau, le cocher n’eut pas de peine à trouver la très jolie maison réservée à la comtesse car si la demeure ne portait pas de nom, elle était ornée d’une peinture captivante représentant des yeux étoilés d’or.

Des serviteurs se précipitèrent pour porter les bagages de la voyageuse et le cocher fut invité à rejoindre le personnel tandis que des palefreniers s’occupaient des chevaux et que l’on mettait la calèche à l’abri.

La maison était spacieuse et confortable.

Un souper fut servi.

Velouté de légumes, filet de bœuf en croûte accompagné de girolles et de pommes dauphine, brie à la rhubarbe et pâtisseries diverses avec des coupelles de crèmes aux amandes et de fruits à la liqueur d’angélique ragaillardirent Héloïse  qui n’avait rien pris depuis son petit déjeuner.

On la conduisit ensuite dans sa chambre qui comprenait un ravissant cabinet de toilette.

Héloïse se livra à des ablutions qui la débarrassèrent de toutes les scories invisibles du voyage.

Linda, sa femme de chambre des lieux hospitaliers enduisit son corps d’un onguent parfumé à la rose.

Elle revêtit une chemise de nuit douce et agréable à porter.

Sa nuit fut parfaite et sans rêve dans un lit moelleux et fleurant bon la lavande.

Le lendemain, elle fut réveillée par une bonne odeur de café frais et de brioche à l’anis et à la fleur d’oranger.

Après cette belle entame de journée, Héloïse partit à l’aventure car la manière dont elle avait reçu l’invitation au voyage indiquait que rien ne serait traité à la légère et s’harmoniserait avec sa devise et le rêve étrange qu’elle avait eu.

Elle se promena dans le hameau, salua les personnes qu’elle croisait, bavarda et joua avec des enfants auprès de la fontaine taillée et sculptée dans le marbre.

Elle se dirigea ensuite vers un petit bois qui lui semblait propice à la découverte de son destin.

Le sous-bois était un tapis de fleurs et de baies savoureuses comme les myrtilles et les mûres sauvages.

Elle avait pris soin d’emporter un panier c’est pourquoi elle s’empressa d’opérer une fructueuse cueillette.

Alors qu’elle était affairée à se procurer ces parcelles de bonheur parfumé, elle vit passer dans les halliers le cerf blanc de son rêve.

Il la regarda avec douceur et s’approcha d’elle.

Héloïse fut prise d’une sorte de frémissement et sous l’impulsion d’un désir étrange, elle embrassa le bel animal entre les deux yeux et ce fut le déclic : le cerf se métamorphosa en prince étincelant, une balalaïka à la main.

Il embrassa la jeune fille sur les joues, s’assit sur un tronc d’arbre coupé et interpréta une chanson d’amour d’inspiration slave.

Ce moment de charme passé, les deux amants se réfugièrent dans la maison bénie par les fées.

Ma devise a été respectée à la lettre se dit la jeune fille : j’ai trouvé l’amour au cœur de la flore épanouie et nous allons en savourer les plus rares instants.

Le prince Fédor fut accueilli comme un hôte d’honneur.

On s’affaira dans les cuisines pour servir un petit festin dont la tarte aux myrtilles fut le clou final.

Des préparatifs pour de belles fêtes de fiançailles furent élaborés et le prince Fédor clôtura la soirée en jouant de son instrument de musique avec talent et amour.

 

 

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