mercredi 4 novembre 2020

Aubépin le Magnifique

 



La lutte contre l’épidémie meurtrière fut longue et jalonnée de morts.

Les personnes qui résistèrent au virus vécurent une convalescence difficile et restèrent fragiles pour le restant de leur vie.

Il fallut remplacer quelques chevaliers qui partirent se reposer dans leur domaine, trouvant à peine le force d’assurer la pérennité de leur lignée.

Gabriel de Fol Espoir réussit à garder le cap. Il consolida les frontières du royaume, épousa l’héritière d’un duché voisin qui lui apporta en dot un beau château, Trégastel, des terres de rapport agricole avec de beaux vergers sans compter une cassette de louis d’or qui furent fort utiles pour remédier aux ravages causés par l’épidémie.

Dame Virginie de Trégastel mit au monde de beaux enfants qui développèrent des capacités et des talents inhérents aux vertus de la caste chevaleresque.

Lorsque Gabriel eut conscience de son affaiblissement corporel, il passa le flambeau à son cousin Aubépin que tout le monde nommait le Magnifique tant sa prestance qui n’était pas sans rappeler celle de Jehan des Roselières, éclatait au grand jour.

Gabriel organisa une fête à Fol Espoir, remit à Aubépin les attributs royaux et partit avec sa famille dans le duché de Trégastel.

Sa sœur, Fleur de Paradis, garda son rang et son droit de participer aux conseils de la Table Ronde.

Tout le monde avait en mémoire le fait qu’elle détenait la parure de Rose du Buisson Ardent, ce qui la rendait pratiquement invulnérable.

Dès sa prise de possession de Fol Espoir, Aubépin réorganisa le fonctionnement de la Table Ronde grâce à la participation de jeunes chevaliers fraîchement nommés.

Sylvain du Pas du Houx, Aurélien du Miroir aux Fées, Gaël de Trécesson et Amandine de Locronan donnèrent le ton du renouveau.

Amandine de Locronan avait gagné sa place à la Table Ronde après avoir repoussé de son épée Calix, léguée par son père Bertrand le Hardi, des ennemis venus détruire l’église dédiée à Saint Ronan, venu d’Irlande pour évangéliser le pays.

Grâce à Saint Ronan et à sa lutte contre les rites païens,  les campagnes s’étaient dotées de chapelles, devenues d’incontournables stations lors des Pardons.

Pour sa victoire contre les vandales qui voulaient s’emparer des trésors de l’église avant d’y mettre le feu, Amandine avait été sacrée chevalier par Gabriel avant son départ et elle avait certes toute sa place à la Table Ronde car sa bravoure était avérée.

Aubépin lança des expéditions salvatrices ou guerrières  si besoin était dans tout le royaume, voire sur d’autres territoires si l’on faisait appel aux chevaliers de la Table Ronde.

Il créa une école de médecine et fit venir des spécialistes du monde entier afin de réunir toutes les formes du savoir et de l’expérience.

Il acheta du marbre en quantité pour réaliser un institut du savoir dans le domaine littéraire et musical. La peinture, la sculpture et les arts graphiques ne furent pas oubliés et l’on vit fleurir des talents dans le royaume.

Des émules de Michel Ange et de Goujon laissèrent leur empreinte dans les jardins où l’on vit fleurir roseraies et essences rares.

L’art militaire ne fut pas oublié et l’on construisit également un Prytanée qui put accueillir toutes les pratiques des arts martiaux et techniques  guerrières.

Un soir, en se promenant dans ses jardins pour admirer la floraison de chrysanthèmes particulièrement beaux, Aubépin rencontra une jeune fille qui lui sembla être la quintessence de fleurs remarquables et parfumées.

Elle lui évoqua spontanément l’aubépine en fleur qui était à l’origine de sa naissance.

«  Comment vous nomme-t-on, ô divine beauté, lui demanda Aubépin, d’une voix qu’il ne se connaissait pas, mélodieuse comme celle des rossignols.

Je me nomme Rose, Messire, pour vous servir mais ma mère m’appelait Rosine et ma nourrice Rozenn. J’ai hérité d’un manoir, Les Roselières, à la mort de mes parents et j’ai voulu savoir s’il y avait un lien de parenté entre Jehan des Roselières, l’ancien seigneur de Fol Espoir et mes parents, Jacques de la Treille et Marie de Roquebrune.

Pour moi, vous serez Rose Amour, ma Douce-Aimée et je peux vous assurer qu’il n’y a aucun lien de parenté entre votre famille et la mienne.

Jehan des Roselières, mon oncle, était le fils de Lancelot du Lac et de Dame Guenièvre, l’épouse du roi Arthur.

Mon père, Fleur des Genêts est son frère jumeau. Ils ont été séparés à la naissance et se sont retrouvés, adultes, lors d’un tournoi.

Quant au nom Roselières, il est souvent porté. Concernant votre manoir, il s’agit sans doute d’un indice local.

Il est vrai qu’un bel étang avec des roselières nous offre son ballet de sarcelles et de poules d’eau.

Pardonnez-moi si je vous ai importuné. Il me faut rentrer chez moi à présent.

Vous n’en ferez rien, douce Rose car je vous invite à passer le temps que vous voudrez à Fol Espoir, mon château et celui de mes parents, ainsi nommé sans nul doute parce qu’il attendait la plus belle jeune femme qui se puisse trouver ».

Et c’est ainsi qu’Aubépin emmena  à son bras sa future épouse, celle qui relèverait le défi des amours incontournables des romans de chevalerie et de la vie quotidienne pour qui place l’amour au-dessus de toutes les valeurs du monde.

 

 

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