Elle est allée plusieurs fois jusqu’à la barrière pour guetter le facteur. Craonne ! Ce nom sonnait à son oreille comme un glas ! Il en était tombé presque autant que les prunes chaudes en été !
Il ne pouvait pas faire partie des morts, son bien-aimé, il lui reviendrait, les lèvres ourlées de désir, les yeux flamboyants et même s’il était blessé, elle ne l’en aimerait que mieux !
Margaux, son petit cœur froissé d’amour, pirouettait sur les talons hauts de ses bottines, attendant son fiancé, Félicien des Hautes Landes, si beau, si robuste, si difficile à dompter !
Mais ce n’est pas le facteur qui se présenta à la barrière, c’était le maire et au village, tout le monde savait ce que cela signifiait.
Un mort ! Un héros ! Mort pour la patrie ! Il faudra être forte, ma pauvre petite !
Alors le petit cœur froissé d’amour cessa de battre et Margaux tomba sur le sol.
Jamais elle ne connaîtrait l’amour.
Ses trois jupons de soie aux couleurs de la patrie se déchirèrent et prirent la teinte du sang qui s’était écoulé du corps meurtri de Félicien, celui qui devait la porter dans ses bras pour franchir le seuil, en robe de mariée !
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