samedi 21 novembre 2020

Le rat des villes et le rat des champs

 



Cette fable de La Fontaine abordée en classe de sixième au lycée de Douai sous la forme d’explication de textes me parut fort explicite et adaptée à ma condition.

J’étais, à coup sûr, le rat des champs car je provenais d’un petit village. Pour arriver au lycée, je prenais le bus des ouvriers et j’avais une bonne trotte à parcourir avant de rejoindre mes camarades, filles de chef d’entreprise, de médecin, de kiné etc….

On m’appelait par mon nom de famille tandis que mes camarades s’appelaient Annie, Brigitte, Claudine et on leur parlait de façon courtoise, ce qui n’était pas mon cas.

Je suis arrivée au lycée par concours et non par la voie royale. Mon institutrice avait réussi à persuader mon père que j’avais ma place dans un tel établissement.

Lors du concours, ma copie de Français suscita l’admiration des correcteurs et on la lut, à titre d’exemple.

Par contre, malgré les cours de mathématiques administrés le jeudi par mon institutrice, décidée à obtenir de l’avancement grâce à ma réussite, mon problème et mes calculs furent un véritable désastre et cela me fit descendre dans le classement.

En classe, je n’éprouvais aucune difficulté en Français et en Histoire, obtenant les premières places avec aisance.

Les mathématiques, le latin et l’anglais restaient un mystère pour mon esprit demeuré enfantin et j’agaçais les professeurs qui croyaient en ma profonde paresse.

Il n’en était rien, j’étais perdue, tout simplement !

Marguerite-Rat des Champs rêvait de retrouver sa campagne, ses champs de blé, ses bleuets et ses coquelicots et lorsqu’elle découvrit l’histoire de Peter Pan, elle rêva qu’elle s’évadait, loin de ces tourments, pour se rendre dans le pays des enfants perdus !

Si l’on m’avait dit, à cette époque, qu’un jour, je deviendrais professeur de Latin, je ne l’aurais jamais cru !

Quant à l’anglais écrit, il me devint très familier, notamment sous sa forme poétique.

L’obscurité relative aux mathématiques provenait essentiellement d’une dyscalculie que l’on aurait pu guérir si elle avait été décelée.

Moi qui avais tant souffert en classe, je devins professeur mais je me jurai de ne jamais cataloguer un élève et de tout entreprendre pour réconcilier le récalcitrant avec la discipline qui était la mienne !

 

 

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