dimanche 1 novembre 2020

Gabriel de Fol Espoir

 



Les années passèrent à Fol Espoir sans incident majeur.

La petite Fleur de Paradis grandissait et chacun s’ingéniait à développer ses capacités.

Elle avait appris à lire et à écrire en un temps record, elle jouait de la harpe, brodait et son plaisir favori consistait à parcourir la campagne sur son poney Bijou.

Yvain qui était resté au service de Jehan des Roselières l’accompagnait dans ses randonnées, veillant à ce qu’aucun malandrin ne s’en prenne à elle.

La naissance d’un garçon, Gabriel de Fol Espoir, avait comblé les heureux parents.

Le bambin avait déjà sa petite escorte et il était élevé selon les canons de la chevalerie.

Lors des conseils de la Table Ronde, Gabriel était présent.

Il avait son fauteuil et placé à côté de son père, il écoutait attentivement les propos concernant les sujets les plus divers.

Par la suite, Jehan des Roselières ouvrit une salle réservée aux enfants. Il commanda une table ronde et des fauteuils adaptés à la taille de chaque chevalier.

Gabriel mena les débats et, fait sans précédent, sa sœur Fleur de Paradis fut présente.

« Le temps de la broderie et de la peinture viendra en supplément, dit son père, dorénavant, la parole des femmes doit être prise en compte. Elles ont souvent une visiondes événements qui nous échappe ».

On recruta les chevaliers en herbe parmi la parentèle et les jeunes villageois instruits et reconnus pour leur sagacité. On en choisit également quelques-uns pour leur vaillance car s’il est vrai que la sagesse doive finalement triompher, il arrive que l’usage de la force soit nécessaire si l’on a en face de soi des ennemis réfractaires aux arcanes du raisonnement.

Afin d’avoir une table ronde similaire à celle de son père, Gabriel voulut une réplique du Saint Graal.

Un orfèvre spécialisé dans les articles religieux fut recruté.

C’était un moine qui appartenait à une confrérie où le silence n’était pas obligatoire. Force restait à la pensée, à la lecture, à la méditation et à la controverse en cas de doute.

Deux frères spécialisés dans l’élevage et la transformation des produits issus des bovins, ovins, porcins et volailles développèrent un commerce appréciable pour sa qualité et l’excellence du goût.

Parallèlement, Alexandra de Jésus avait obtenu la direction de l’hôpital que Jehan des Roselières lui avait promis.

Elle y recevait des malades de toute provenance. Des médecins venus de tous les horizons, notamment d’orient, se spécialisèrent dans de nombreuses disciplines.

La générosité des habitants de Fol Espoir s’avéra bientôt utile car un mal inconnu frappa la terre de Brocéliande.

La paix régnait mais un virus d’origine animale probablement, chauve-souris ou pangolin, se montra plus féroce que l’ennemi le plus cruel.

Parti au champ en bonne santé, un villageois en revenait avec une fièvre délirante, une toux à déchirer la poitrine et la sensation gustative réduite à néant.

Le malheureux s’alitait et mourait rapidement, malgré les bons soins de son entourage, contaminé à son tour.

Le mal se répandit dans toute la campagne, frappant indifféremment le riche et le pauvre, l’indigent ou le puissant.

L’hôpital ne désemplissait pas ; des malades venaient de partout, cherchant en vain la guérison.

Les médecins soignaient les fluxions de poitrine, tentaient de faire tomber la fièvre en appliquant des sangsues sur le corps des moribonds mais ils ne parvenaient qu’à gagner un répit de quelques jours.

Ce mal furieux s’abattit sur Jehan des Roselières.

Il fut soigné nuit et jour par son épouse mais il finit par rendre l’âme malgré le dévouement de celle qu’il avait tant aimée.

Afin de ne pas propager le virus, Rose du Buisson Ardent fit brûler tous les effets de son époux et les siens, se vêtit de bure venue du monastère et s’enferma dans une pièce, à l’isolement.

Capucine déposait un plateau-repas à sa porte et venait ensuite le rechercher, une fois le repas terminé.

Grâce à ces précautions, il n’y eut que quelques fièvres qui disparurent au bout de quelques jours.

Jehan des Roselières n’était plus !

Gabriel de Fol Espoir qui n’avait que quinze ans mais qui avait une certaine expérience de la conduite des affaires gouvernementales, prit tout naturellement la succession de la Table Ronde et de la seigneurie.

Rapidement nommé par acclamation à l’unanimité, il présida son premier conseil et lança une offensive d’envergure pour chasser le mal et assurer la paix du royaume.

 

 

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