jeudi 5 novembre 2020

La princesse Chrysanthème

 


Dans un royaume triste, hanté par des hérons et des aigles noirs, il y avait un manoir où vivait une jolie princesse, tout de rose et d’or vêtue comme la fleur dont elle portait le nom, Chrysanthème.

Elle était si belle que les jours gris et sombres prenaient des nuances grenat, pourpre et immaculées comme les lys.

Elle aimait se promener dans son royaume, n’hésitant pas à prendre des risques. Dans un petit sac de velours brodé, il y avait une paire de sandales légères pour détendre ses pieds fatigués, un carnet de notes avec des porte-plumes colorés et un album à dessiner et des crayons de couleur.

Chrysanthème s’arrêtait parfois pour écrire, dessiner et réaliser de jolies esquisses qui l’aideraient à composer des tableaux qu’elle finaliserait dans un grand atelier lumineux où elle aimait se trouver, à l’intérieur de son manoir.

Les habitants du royaume s’étaient habitués à la voir et ils la considéraient comme une des leurs plus que comme une princesse.

Ils s’enhardissaient parfois jusqu’à lui parler de leurs soucis quotidiens ou lui présenter suppliques, doléances voire projets d’embellissement pour le royaume.

C’est ainsi que Chrysanthème rencontra un jeune homme prometteur.

Darius, au prénom impérial, était arrivé sur le rivage du royaume en compagnie de personnes en déshérence, chassées de leur pays par des ennemis qui en voulaient à leur vie.

Il était enfant lorsque leur barque de fortune avait fini par accoster dans une crique battue par les vents.

Désespérés et n’ayant pas assez d’argent pour le passeur, les parents de Darius avaient placé l’enfant dans la barque, muni d’un sac avec des effets de rechange, l’avaient embrassé avec effusion et s’en étaient remis au destin pour leur propre survie.

Sa mère lui avait donné le médaillon dont elle ne se séparait jamais et les yeux embués de larmes, s’était enfuie pour ne pas voir la barque s’éloigner avec cet enfant qu’elle chérissait par-dessus tout.

Il arrivait que les barques surchargées coulent en mer et que les personnes à bord se noient par centaines.

Darius avait eu la chance d’échapper à ces périls et lorsqu’il avait mis le pied sur le sol de ce royaume inconnu, si différent de son pays natal, il avait songé à utiliser ses compétences et rester en vie en espérant que ses parents puissent le rejoindre comme ils s’y étaient engagés.

En posant le pied sur la grève, Darius fut frappé par les tons gris de cette terre d’accueil, si différents des colorations lumineuses de son pays d’origine. Mais ce n’était pas le moment de s’apitoyer sur son sort. Trouver de la nourriture était le point crucial.

Il se contenta de coquillages disponibles en cherchant bien, et par la suite, il gagna sa vie en devenant pêcheur.

Il pratiqua la plongée et découvrit des amphores, des monnaies anciennes et des statuettes qui provenaient d’un monde disparu.

Il apprit également à fabriquer des colliers de perles et devint si habile dans cet art qu’il put renoncer à la pêche. Il ouvrit une boutique où se pressaient les élégantes du royaume.

C’est en passant devant cette boutique dont l’étalage de la vitrine était artistement conçu, que la princesse eut un coup de cœur pour ces bijoux artisanaux pleins de charme.

Elle entra dans l’échoppe, choisit quelques bijoux assortis à ses toilettes et dut lutter contre Darius qui tint absolument à lui offrir ces parures, nées de ses doigts agiles.

«  Princesse, vous serez mon ambassadrice. Je serai heureux de savoir que vous portez ces bijoux que j’ai créés en souvenir de ma mère et en pensant à mon pays d’origine ».

Très émue, la princesse proposa à ce jeune homme exceptionnel de vivre à ses côtés.

«  Vous serez mon orfèvre attitré et vous aurez un atelier près du mien, là où je peins. Je serais d’ailleurs ravie de vous avoir pour modèle car votre visage est si lumineux et votre allure si altière que l’on désire immortaliser cette beauté hors du commun.

Je n’ose croire à ce que j’entends, divine princesse ! J’aimerais avoir le talent de peindre tant votre beauté est radieuse. Elle peut être comparée à celle des femmes qui ont conquis le monde.

Eh bien, cher Darius, je vous entends à merveille. Nous conquerrons le monde ensemble, voulez-vous ?

Avant de conquérir le monde, chère princesse, rendons à ce royaume sa beauté primitive car le gris s’est emparé de ce pays, ôtant la joie de vivre.

Vous avez mille fois raison, cher Darius. Ensemble, nous ferons de grandes choses et nous verdirons le royaume qui refleurira.

Il sera enfin digne de la princesse Chrysanthème » dit Darius en souriant et ce sourire devint un gage d’amour.

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