mardi 27 mai 2025

La reconquête du château

 



Les nouvelles inquiétantes firent vaciller le prince qui s’interrogea sur les événements survenus en son château pour qu’il soit ainsi désert.

Comme le temps avait joué en sa défaveur alors qu’il guerroyait en Orient à l’appel de son roi !

Il renonça vite à explorer la mémoire des faits guerriers car des images violentes s’imposaient à lui, provoquant de très grands maux de tête.

Myrtille le soulagea en lui mettant des compresses de menthe poivrée sur les tempes et elle lui conseilla de ne plus suractiver les canaux de sa mémoire.

«  Je vais former un groupe de travailleurs lui dit-elle et nous irons nettoyer votre château pour que vous puissiez dignement siéger en suzerain.

Petit à petit, vous apprendrez ce qui s’est passé en votre absence ».

Une fois le groupe formé, escortée par de robustes villageois, Myrtille prit la route en laissant le prince aux bons soins d’une jeune villageoise, Dalila, à qui elle avait enseigné l’art d’utiliser les plantes ainsi que la manière de tirer profit des richesses de la terre sur le plan gastronomique.

Bien soigné, le prince retrouva sa vitalité d’antan. Au point d’orgue de sa forme, il sella son destrier et prit la route après avoir rassuré Dalila :

«  Je vais bien, jeune beauté et j’endosse l’entière responsabilité de mes actes. Je dois porter secours à Myrtille si besoin est : ne suis-je pas le suzerain de Au Plaisir, mon château » ?

Flattant l’encolure de Cyrus, son destrier, il lui murmura qu’ils rentraient chez eux en majesté.

Au fil de leur progression, des paysans ôtaient leur chapeau en reconnaissant leur suzerain. Le prince les salua à son tour et lorsqu’il arriva aux portes du château, Myrtille sortit pour lui adresser sa plus belle révérence.

L’équipe ménagère avait bien œuvré et rendu son lustre au château.

Le bonheur de Philippe fut décuplé lorsqu’il vit arriver, en délégation, les membres du personnel disparus à la suite d’attaques nocturnes.

«  Une force divine les a empêchés de cambrioler lui dit Germain, le majordome du château. Nous n’étions pas sûrs de rester en vie alors nous sommes partis avec la bénédiction de votre mère qui partit se réfugier chez les moniales de Bonsecours, l’abbaye voisine ».

A cet instant, Dame Aliénor descendit de son carrosse. Chargée de cadeaux émanant de l’abbaye, meules de fromage, pains cuits au feu de bois, beurre, confitures et boissons aromatisées, elle fut aux anges en embrassant son fils, remerciant Dieu de lui avoir laissé la vie sauve.

«  Dieu soit loué, Mère » dit le prince en lui rendant son baiser puis il lui présenta la personne qui l’avait aidé à retrouver la mémoire, Dame Myrtille qu’il anoblit de fait par ce titre.

Myrtille tenta de minimiser son action mais le prince ne l’entendit pas de cette oreille. Il conclut son hommage en lui demandant sa main.

« Je ne peux pas vivre sans vous, ma Douce. Mère, je vous en prie, reprenez votre place de douairière et régnez sur le train de maison ».

Dame Aliénor se réjouit de voir son fils heureux et en bonne santé. Elle partit dans ses appartements après avoir donné des consignes aux cuisiniers.

«  Un appareil fromager sera le bienvenu. De plus, j’ai apporté quelques pièces de gibier, cadeau des bons moines ».

On se prépara dignement à fêter la restauration du château. Myrtille mit une robe d’apparat qui avait appartenu à Dame Aliénor dans sa jeunesse. Ce don scella l’amitié des deux femmes qui se promirent de tout mettre en œuvre pour que le prince oublie les horreurs de la guerre et retrouve peu à peu les pans de sa mémoire de jeunesse encore enfouis dans les limbes de son cerveau.

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