mardi 20 mai 2025

Le square des amours

 


Sur un banc du parc Watteau, près du lycée où elle  avait étudié, Manon aimait rêver, un exemplaire des poèmes d’Arthur Rimbaud à la main.

Elle lisait un texte au hasard et trouvait toujours une correspondance entre les mots du poète et les soubresauts de son cœur.

C’est à croire que ces poèmes m’étaient destinés songeait-elle et elle rêvait de rencontrer un jeune homme aux mêmes sandales de vent.

Un jour, un homme d’âge mûr lui demanda l’autorisation de prendre place à ses côtés ; elle acquiesça, un peu intimidée par cet homme à la haute stature, aux mains étoilées et au regard émeraude.

«  Vous aimez la poésie n’est-ce pas ? Je suis poète, moi aussi. Je me présente, Bernard Aurore et j’écris dans une autre veine que celle des poètes maudits. Mon dernier ouvrage s’intitule Cieux Déracinés. J’ai la révolte paisible et j’appartiens aux Saints Hospitaliers de Jérusalem ».

Manon se sentit écrasée par la puissance verbale de cet homme dont l’accent occitan contrastait avec le sien, empreint des brumes de son terroir natal.

Le poète l’embrassa tendrement. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était seule, son livre de poèmes sagement posé près d’elle.

C’était donc un rêve se dit-elle mais à dater de ce jour, elle fréquenta assidûment le square des amours, espérant retrouver le poète aux caresses de fleurs.

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