Dans sa Hongrie natale, la princesse Lilla aspirait à un ailleurs méditerranéen aux couleurs chaudes nuancées de turquoise.
Une nuit, elle rêva qu’un prince l’appelait à son secours et le cri était si poignant qu’il perdura à son réveil.
Où dois-je aller pour délivrer ce prince se disait-elle en mangeant le pain beurré de son petit déjeuner ? Il n’est pas banal qu’une femme soit sollicitée pour la délivrance d’un prince pensait-elle mais après tout, au pays de Dracula, tout est possible.
Elle décida de s’en remettre au hasard et à sa bonne étoile et elle fit seller son cheval Zéphyr.
Escortée par douze guerriers dévoués, elle prit la route en direction de la mer.
Ils traversèrent des régions dévastées par les guerres. Des enfants erraient, affamés et craintifs ; Lilla envoya des messages codés au régisseur de son domaine pour qu’il mette ces pauvres innocents à l’abri en les confiant à des familles disposées à les aimer.
Poursuivant leur route, ils arrivèrent dans une localité pleine de charme qui contrastait vivement avec les régions endeuillées traversées. Les rues étaient pavées de bleu et des mosaïques couvraient les murs des maisons où couraient des glycines et des clématites.
Une maison de maître avait sa porte grand ouverte : une jeune femme avenante apparut et elle invita la princesse et son escorte à pénétrer dans sa demeure.
Des palefreniers s’emparèrent des chevaux et les conduisirent à l’écurie.
La jeune femme prénommée Jasmina demanda à ses serviteurs d’attribuer une chambre spacieuse et bien meublée à chaque hôte.
Après avoir revêtu des vêtements d’intérieur dignes de leur rang, la princesse et ses guerriers prirent place à la table de réception où Jasmina ordonna le déroulé de plats savamment cuisinés.
Des daurades farcies aux amandes, au laurier et à la sauge et des perdrix en sauce étaient au cœur du repas. Farandoles de légumes, de crudités, aumônières garnies de fruits de mer et salades composées diverses présentées en coupelles circulaient à la ronde.
Des tartes crémeuses aux fruits de saison régalèrent les amateurs de pâtisseries aux saveurs d’enfance. Croustades gasconnes, gâteaux en forme de nid d’abeille, coupes de fruits en dés et un spectaculaire gâteau à la broche, spécialité hongroise en l’honneur de la princesse, furent le feu d’artifice gourmand de la réception.
Ces agapes terminées, chacun fut invité à se rendre, à sa guise, dans les jardins ou dans sa chambre.
Jasmina convia la princesse dans un pavillon bucolique afin de parler en toute liberté.
Dans un décor propice aux confidences, Lilla fit part de son rêve et de l’appel au secours d’un prince inconnu.
Jasmina lui fit part de rumeurs recoupées de messages précis faisant état de la disparition d’un prince prénommé Ilan.
J’ai entendu dire précisa-t-elle qu’il serait détenu dans le krak des chevaliers, forteresse que l’on disait imprenable, située en Syrie.
Ma chère ajouta-t-elle si vous avez l’intention d’exaucer votre rêve, il vous faudra du renfort, de l’argent et des victuailles pour soutenir un siège. Vous sentez-vous prête ?
Lilla répondit qu’elle n’avait pas le choix, un rêve étant sacré.
Les deux femmes convinrent qu’un plan précis devrait être établi pour que la libération du prince Ilan ne reste pas à l’état de chimère.
Elles burent à petites gorgées une infusion aux plantes apaisantes puis regagnèrent leur chambre, espérant que la nuit leur apporte sa part de conseil et de béatitude.
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