lundi 26 mai 2025

Le château de l'oubli

 

 


Son identité retrouvée et sa mémoire fonctionnant de mieux en mieux grâce aux décoctions de sauge, cannelle, romarin, mélisse et aux assaisonnements de curcuma en marinade préparés par Myrtille, le prince se souvint d’épisodes brefs de sa vie et il parvint à croquer son château sous toutes ses facettes.

C’était un magnifique édifice qui impressionna Myrtille.

Le visage de sa mère s’inscrivit dans les hauteurs du château : elle portait fièrement son hennin. Son regard doux sublimait l’aquarelle et l’éclat de ses yeux était tel que Myrtille déclara vouloir se prosterner devant une telle personne.

Le prince ne savait pas si elle était encore de ce monde, la guerre ayant duré de longues années.

«  Grâce à votre tableau, elle rayonnera dans votre château si par malheur elle avait rendu son âme à Dieu pendant votre absence » assura Myrtille avec douceur.

Le prince lui prit la main affectueusement, sensible à cet élan de générosité et de compassion.

Ce soir-là, Myrtille soigna particulièrement le repas : un lièvre à la royale régala le prince qui déclara que ce délice figurait à la carte du château, gérée par Dame Aliénor, sa mère, lorsqu’ elle avait des invités de marque .

Curieusement, il n’avait aucun souvenir de son père ce qui l’amena à supposer qu’il était mort au combat, laissant une veuve et un orphelin.

Au fil des jours, des pans oubliés de sa mémoire libérèrent l’esprit du prince à qui l’aspiration de revenir en son château se fit pressante.

Préconisant la prudence, Myrtille eut l’idée de recourir à nouveau aux services de Marcellin. Ce dernier accepta de jouer les émissaires et suivant un itinéraire dessiné par le prince, il parvint au château sans dommage.

Il eut l’impression de voir un édifice abandonné à la manière du château de la Belle au Bois Dormant.

Se méfiant de tout ennemi potentiel, il progressa de nuit, se cachant le jour dans les buissons.

Lorsqu’il heurta la porte d’entrée, elle s’ouvrit et il alla de pièce en pièce, chassant les toiles d’araignée.

Il n’y avait âme qui vive mais par chance, le château n’avait pas été saccagé et le mobilier était intact.

Dans les forges du château, il confectionna des barres métalliques pour interdire l’accès à la propriété. L’ensemble posé, il entoura les murailles d’enceinte d’une solide chaîne puis il reprit la route du retour pour rapporter les éléments de sa mission.

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