Au fil des jours, Sarah se passionna pour cet art subtil de la broderie et elle fut reçue brodeuse qualifiée au terme de son apprentissage.
Son maître d’apprentissage, Hervé Le Guen, la félicita chaleureusement et lui offrit un repas de fête à la taverne Duchesse Anne de Quimper, réputée pour ses plats régionaux, cotriade, Kig ha Farz et galettes de sarrasin. Le Kouign Amann était naturellement incontournable côté dessert. Cervoise, cidre et vin de rhubarbe furent servis pour rafraîchir les gosiers échauffés par ces nourritures ancestrales.
Hervé Le Guen commanda du champagne, des biscuits roses de Reims et porta un toast à celle qu’il nomma la reine des brodeuses.
Intimidée et rougissante, Sarah dégusta le vin de cérémonie et ouvrit un petit coffret présenté solennellement par son maître d’apprentissage. Le boitier luxueux contenait un magnifique dé d’or.
« Vous ne vous piquerez plus les doigts » lui dit le maître d’une voix émue.
Sarah était émerveillée par le présent. Elle entrait à nouveau dans l’univers féerique qui avait été le sien.
« Ce petit objet vous rappellera à quel point je vous suis attaché mais naturellement vous êtes libre et vous pouvez renouer avec votre état premier ou vous installer à votre compte. Bien entendu, je ne vous ne chasse pas et puis vous offrir une place sécurisée dans ma boutique. Grâce à votre talent, mes affaires ont progressé et je vous promets un salaire digne de votre talent ».
Sarah était si touchée par l’accent quasi tendre de son maître qu’elle peina à trouver les mots pour lui assurer qu’elle ne songeait nullement à le quitter.
Quant à la féerie ajouta-t-elle, je la sublime dans les roses brodées qui sont aussi les vôtres.
Hervé Le Guen prit les mains de la jeune fille dans les siennes, lui baisa délicatement le poignet et lui fit un incroyable aveu :
« Je suis épris de vous depuis longtemps chère Sarah et je vous admirais de loin lorsque vous contiez vos belles histoires. Comme je suis timide, je n’ai pas osé me déclarer ; alors j’ai payé les services d’une gitane pour qu’elle vous prédise un avenir de brodeuse. Je lui achète de la dentelle de Bohême et elle a accepté de jouer le rôle d’une diseuse de bonne aventure. Me pardonnerez-vous ce subterfuge » ?
Quelque peu interloquée par cette révélation, Sarah accepta cette entorse au destin d’autant plus volontiers qu’elle était amoureuse du beau maître d’apprentissage. Il était le prince qu’elle attendait et si elle était devenue experte en broderie, c’était essentiellement, à son corps défendant, pour lui plaire.
« Mon prochain cadeau sera une bague de fiançailles » lui dit Hervé.
Sarah promit de coudre et de broder un gilet d’apparat pour qu’il le porte le jour de leurs noces.
Locronan fut en fête et les jeunes mariés passèrent sous une haie de roses en sortant de l’église Saint-Ronan.
Ce fut la liesse pour les amoureux de la tradition celtique du conte et de la broderie.
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