En s’endormant, Aloys crut entendre les grelots de la calèche du rêve et lorsqu’elle en descendit, ce n’était donc pas un rêve, elle se trouva marchant dans une prairie émaillée de pavots multicolores.
Elle fut à peine surprise de voir une rose à sa taille en robe de soie, un miroir à facettes à la main.
La rose lui prit la taille et l’emmena dans un château habité par des fleurs.
Un edelweiss lui baisa la main de manière princière et l’entraîna au buffet où l’on servait du jus de sureau et de l’eau pétillante à la violette.
Les gâteaux portaient la marque de l’automne. Des œillets vêtus comme les vendangeurs portaient des plateaux chargés de raisins blonds et de muscat.
« Tout est si délicieux ici dit Aloys que je souhaiterais y vivre toujours.
Qu’à cela ne tienne douce beauté » ! et Aloys se métamorphosa en chrysanthème de rêve.
Elle valsa avec le bel édelweiss dont elle aimait la douceur veloutée et nacrée.
En s’éveillant, Aloys fut presque déçue de constater que ce qu’elle avait vécu n’était qu’un rêve. Elle aurait aimé rester un chrysanthème toute sa vie.
Je vais cultiver un carré de chrysanthèmes se promit-elle et je créerai un hybride qui portera mon nom.
Réconfortée par ce vœu, elle prépara du thé aux fleurs, porta un toast à son bel édelweiss et ô surprise, il apparut costumé en prince des bois au pourpoint rouge et or.
« Comment aurais-je pu vivre sans vous dit-il avec tendresse et il ajouta : nous le cultiverons ensemble ce carré de chrysanthèmes dédiés à votre beauté ».
Le rideau de perles du rêve les enveloppa de sa richesse féerique.
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