Alors que le commandant Florent Delambre remuait ciel et terre pour mettre un terme à la cellule mafieuse qui ourdissait une toile autour du noyau central portant le nom de Lydie Herlem, Cassandre reçut une lettre recommandée émanant d’un office notarial de Cambrai.
Maître Gapihan installé dans un beau quartier de la ville reçut la jeune femme avec courtoisie. Il lui lut le testament olographe de Lydie mentionnant son unique nom pour un legs sortant de l’ordinaire : elle recevait ainsi un coffret contenant des bijoux précieux appartenant à une couronne déchue, reçu d’une parente.
« Je ne me suis pas manifesté tout de suite dit le notaire parce qu’il a fallu que je me livre à une véritable chasse au trésor sous forme d’escape game pour trouver le coffret, la chère dame ayant pris goût aux jeux découverts dans le cybercafé Victoria qu’elle fréquentait. De plus, j’ai cru comprendre qu’elle se méfiait d’un ami rencontré en ce lieu, un certain Louis Bracq. Elle n’a compris son jeu que trop tardivement, payant de sa vie son extrême confiance initiale : il l’a étranglée après avoir vu des louis d’or dont elle cherchait le prix. N’ayant pu lui voler des bijoux dont elle prétendait subir une ellipse mémorielle pour les localiser, il n’a eu de cesse de vouloir s’en emparer.
Après avoir effectué des recherches sur l’origine des bijoux, j’ai appris que ce trésor provenait d’un reliquat du désastre impérial appartenant à une princesse russe originaire de Sébastopol qui s’était réfugiée dans notre région pour fuir le bolchevisme. Lydie était son unique parente et elle lui a légué la fortune dont elle n’avait pas fait usage en espérant que son héritière fasse de même.
Ce trésor appartenait au peuple russe disait-elle et je ne souhaite pas l’entamer d’une quelconque manière. Elle travailla dans une entreprise de tulle et devint une ouvrière exemplaire, faisant glisser la navette sur le métier avec une rare dextérité, composant des dessins de broderie qui firent la renommée de la maison Machu. Voilà pour les détails, chère Madame. J’ai été long mais c’est à dessein car je voulais que vous compreniez le symbole dissimulé dans cette immense fortune.
Que me conseillez-vous, Maître demanda Cassandre, éblouie par tant d’abnégation patriotique.
Pour votre sécurité, je vous conseillerais de faire don à l’état français de ce legs moyennant un pécule mensuel pour une durée de vingt ans. »
Cassandre trouva cette proposition judicieuse et s’en remit au notaire pour la mise en œuvre concrète de ce legs.
« Brisons la chaîne du crime, Maître, vous avez parfaitement raison » et après la signature de maints documents justifiant son acceptation, elle quitta l’étude, soulagée de ne pas avoir à gérer un trésor qui lui avait été légué, causant déjà le prix du sang.
Elle confia à son ami Florent Delambre les méandres testamentaires de leur chère Lydie.
Le commandant approuva son choix, heureux de savoir Cassandre délivrée du poids de la présence d’un passé appartenant à l’ Histoire.
« Nous ferons paraître un article dans la presse régionale en temps voulu » dit-il afin de clore le dossier du crime, Louis Bracq étant toujours informé des faits qui l’intéressaient.
Les amis fêtèrent l’événement dans le restaurant Chez Pierrot où l’on servait les plats phares de la région, Langue Lucullus, Andouille de Cambrai, Gougères au Maroilles et le fabuleux Gâteau Battu dont la recette remontait à la nuit des temps, fondant et si délicat !
Louis Bracq finit par succomber dans une lutte occulte des chefs mafieux. Le médecin pénitentiaire diagnostiqua une chute accidentelle.
Florent Delambre obtint l’autorisation de voir le corps et il nota une saignée à la base du cou, signature d’ Andréa Natali.
« Voilà le nouveau ponte du crime » se dit-il et il pensa avec satisfaction que cet individu ne remettrait pas les pieds dans le village où il avait été démasqué.

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