Le jour de la réception débuta sous de bons auspices car le soleil était de la partie. Ce fut un défilé d’invités, la plupart apportant un cadeau de bienvenue.
Cassandre avait revêtu le kimono offert par son ancienne voisine pour symboliser son appartenance professionnelle au monde asiatique. Elle offrit à leur hôte une édition rare de l’une de ses traductions imprimée sur du papier de riz. Iban fut touché par cette délicate attention et la remercia chaleureusement.
Il eut un mot pour chacun, louant la qualité des présents. Il put dénombrer un bilboquet, un échiquier, un gilet brodé à l’ancienne, une commode élégante et un chandelier en or massif. D’autres présents relevaient de prouesses culinaires, lot de confitures, gelées à la rose, confits de viande, andouillette de Cambrai et autres délices.
Avant de faire sauter le bouchon de Champagne, Iban pria l’assistance de passer à l’atelier pour y découvrir son panel d’espadrilles.
Cassandre opta pour une paire décorée de chrysanthèmes et chacun trouva sa paire d’exception. Tous les invités tinrent à rémunérer leurs emplettes : « Il ne sera pas dit que vous ayez travaillé en pure perte » dit Victor et il fut approuvé par tous.
Iban remercia ses hôtes et les invita à passer à table. Il porta un toast établissant un pont entre la triangulaire Pays Basque-Terroir Breton et Flamboyante Picardie.
Il fit allusion à ses origines bretonnes du côté paternel et loua les prodigieuses terres du Nord foisonnant en trésors de toutes sortes.
Victor prit la parole au nom du groupe, portant la voix de l’espoir à l’adresse d’un résident de charme qui leur fournirait de quoi se chausser confortablement.
Les applaudissements fusèrent et Iban fit circuler les plats.
C’est alors qu’apparut un homme vêtu de soie noire, col Mao et les cheveux relevés en chignon de samouraï. Chacun supposa qu’il était apparenté à son voisin tant son naturel affiché était sans ombrage. Iban le pria de prendre place à ses côtés, une chaise ayant été laissée vide pour respecter la coutume de la réception improvisée.
L’inconnu offrit son cadeau : c’était une boite à musique en nacre d’où s’échappait une romance ancienne, Ramuntcho, ce qui prouva à tous qu’il connaissait les origines de leur hôte. Iban le remercia pour cette attention subtile.
On ne lui prêta plus attention et on fit honneur aux mets de choix proposés.
Une personne cependant ne quittait pas des yeux l’étrange personne qui n’avait pas décliné son identité. Il s’agissait bien attendu du commandant Delambre venu en tenue civile pour participer aux festivités. Il choisit un moment de détente entre deux plats pour entraîner l’individu à l’écart, sous prétexte d’une révélation le concernant.
S’assurant que personne ne les remarquait, il exhiba sa carte professionnelle et demanda à cet étrange interlocuteur d’indiquer sa filiation avec le village. L’homme prétendit avoir laissé ses papiers d’identité dans sa voiture. Il se proposa d’aller les chercher.
Comme il s’y attendait, Florent Delambre ne le vit pas revenir. Il avait pris des clichés de l’homme et pensa qu’une nouvelle enquête s’offrait à lui.
Afin de ne pas inquiéter son entourage, il prétendit que l’homme au chignon de samouraï avait reçu de mauvaises nouvelles de sa compagne et qu’il avait dû quitter cette aimable réunion, le priant de présenter ses excuses. Enfonçant le clou, il le présenta comme un cousin lointain « à la mode de Bretagne » précisa-t-il à l’intention d’ Iban pour le faire sourire et lui attribua une identité fantaisiste Yves Le Dantec.
On oublia l’incident. Au dessert, Victor joua de l’accordéon, interprétant Ramuntcho pour le plaisir de tous et la fête se termina dans la joie.
Après avoir raccompagné Cassandre et fait poster un homme dans son jardin en toute discrétion, Florent Delambre rentra chez lui pour tenter d’éclaircir les zones d’ombre entourant le prétendu cousin.

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