Perdue dans l’immensité du palais, la petite Roxelane, abandonnée après la mort de sa mère rendant le dernier soupir lors de sa venue au monde, errait à l’aventure.
Favorite d’un soir, enceinte des étreintes passionnées d’un roi, la belle Zahia s’était éteinte en entendant le cri de son enfant, son dernier bonheur.
La petite Roxelane avait été confiée à une nourrice puis quand elle fut sevrée, on renvoya la paysanne dans ses foyers. Roxelane s’était retrouvée seule, livrée à elle-même.
Elle prit rapidement l’habitude de se nourrir des reliefs des bonnes tables, de se vêtir en se drapant dans des étoffes mises au rebut.
Elle observa les couturières du palais et confectionna ses vêtements en utilisant des chutes de tissu. On lui reconnut un certain talent car elle faisait d’un bout de chiffon une véritable merveille.
Sacrée meilleure ouvrière du palais, elle obtint une place privilégiée, disposa d’une chambre, d’accessoires de toilette, de parfums et on lui servit des plats délicats à la mesure de son talent.
Un jour, elle croisa le prince Aziz qui fut troublé en la regardant. Il la fit venir de manière officielle pour en apprendre plus la concernant.
La jeune fille revêtit sa plus belle robe pour la circonstance, un caftan réalisé avec du brocart, de la soie et du satin dans une confection patchwork du plus bel effet. La dominante bleue de la robe soulignait l’éclat de ses yeux.
Chaussée de babouches filées or qu’elle avait obtenues en récompense d’un vêtement de nuit fabuleux réalisé pour une favorite, elle était absolument prodigieuse.
Après les salutations d’usage et l’affirmation de son respect envers son prince, Roxelane fut invitée à partager une collation à ses côtés.
Grenades, gâteaux au miel, thé au jasmin servi dans les règles de l’art par un serviteur préposé à cette tâche, furent partagés dans un silence protocolaire.
Le prince fit asseoir la jeune fille sur un divan profond et sans plus résister à tant de beauté, l’attira à lui, caressant ses longs cheveux retenus par un ruban.
Il lui demanda des précisions sur son identité ; Roxelane savait peu de choses à part le fait que sa mère était morte après lui avoir donné la vie.
« Serait-il possible que je sois le père d’une telle beauté » se demanda-t-il avec anxiété. Elle était si belle qu’elle lui avait chaviré le cœur. Puis il réalisa avec soulagement que c’était sans doute son oncle Jalil, décédé depuis peu, qui avait engendré sans le savoir cette merveille.
Se promettant de mener des investigations pour renouer les fils du passé, il fit accompagner la jeune fille dans ses appartements.
Apprenant au retour de Nabil son fidèle serviteur que la jeune fille vivait dans une pièce peu spacieuse et dénuée de mobilier précieux et d’objets de valeur, il décida de remédier à cet état de fait et fit préparer de somptueux appartements pour celle dont il rêvait de pouvoir faire officiellement l’élue de son cœur.
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