De retour dans sa cellule mode Bureau des Légendes, Ornella Salviani redevint l’agent X 35 et rendit compte à son supérieur hiérarchique des données de sa mission.
Le commandant Florent Delambre reçut l’information. Il se félicita de n’avoir pas baissé la garde et d’être resté vigilant. Par ailleurs, il continua à exercer une surveillance sur la maison qui avait appartenu à Lydie Herlem : Louis Bracq n’avait certainement pas dit son dernier mot et du fond de sa cellule, il devait, malgré la vigilance des surveillants pénitentiaires, fomenter un plan pour s’accaparer le trésor de la défunte. Était-il dans le jardin, dans la cheminée ou dans une cache creusée dans la cave ?
Chaque jour, Louis se remémorait les phrases prononcées par sa victime, tâchant d’en extraire un message subliminal.
Il se souvint qu’elle avait évoqué Saint Antoine de Padoue et se demanda si elle n’avait pas livré malgré elle une partie de son secret. N’aurait-elle pas confié le trésor à ce Frère Julien dont elle parlait si souvent ?
C’est ainsi que Frère Julien reçut la visite d’un moine cistercien porteur d’un message émanant de son monastère. Frère Bernard recommandait un novice à son confrère.
Dieudonné avait un visage raphaélique et il chantait avec le talent si particulier des castrats ou contreténors. Cette voix d’ange était si remarquable que Frère Julien fut ébloui et ouvrit grands les bras à ce novice sans savoir qu’il faisait entrer le loup dans la bergerie.
S’il chantait comme un ange, Dieudonné plus connu dans le milieu sous le nom de Raoul Coupe-Gorge avait une âme diabolique. Il usait du rasoir avec dextérité, expédiant la personne désignée dans l’autre monde avec une facilité déconcertante.
C’est avec intérêt qu’il vit Cassandre apporter un far breton à Frère Julien.
Les yeux modestement baissés, il ne pouvait s’empêcher de cibler la gorge de la jeune femme pour le cas où il devrait la saigner.
Le nouveau venu intrigua le commandant Florent Delambre qui s’informa auprès du monastère dont il prétendait venir du parcours de l’ange à la voix d’or.
Il apprit ainsi que Frère Bernard, souffrant, avait été hospitalisé dans un service cardiologique et qu’il ne pouvait répondre à aucune question.
Inquiet, le commandant se rendit au presbytère, prétextant une fascination pour Farinelli. Il photographia discrètement l’individu afin d’entamer une série de recherches.
Dans l’attente des résultats de son enquête, il prit la précaution de sécuriser Frère Julien et Cassandre, les hébergeant dans les chambres d’ami de son domicile, ferma l’église et commanda à Dieudonné de prendre la route de son monastère pour des raisons impératives qu’il ne pouvait pas dévoiler.
Se sentant démasqué, Raoul Coupe-Gorge ne se fit pas prier et repartit à Paris où il retrouva sa vie de voyou parasite avec plaisir ; il envoya un message codé à Louis Bracq pour lui notifier l’échec de sa mission.
Un mois plus tard, on retrouva son corps dans la Seine.
« Un de moins » soupira le commandant et il se demanda si l’on viendrait à bout de cette toile d’araignée du crime.
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