Silvio prit ses quartiers à l’auberge car il s’y sentait bien et n’avait aucune envie de débroussailler les abords de sa chaumière et traquer la poussière accumulée à l’intérieur.
De plus, il reçut d’ Amélia une information de taille : son séjour illimité était pris en charge par une personne généreuse qui n’avait pas voulu révéler son identité. « Ce ne peut être que ma jolie sirène » pensa Silvio mais il préféra jouer l’étonnement.
Il se sentait si bien dans ce cocon qu’il n’avait plus envie de repartir en mer risquer sa vie en plongeant pour ramener au jour les perles du bonheur.
Goûtant l’art de vivre dans l’oisiveté, Silvio apprit également l’art des causeries en participant aux conversations des habitués.
Parmi les personnalités marquantes, il y avait une charmante jeune femme prénommée Coralie et un homme d’un certain âge, Salomon, dont la culture était si étendue que lorsqu’il parlait, on croyait voir se déplier les pages d’un livre.
Silvio aimait leur compagnie et tâchait de formuler quelques phrases choisies pour se hisser à leur niveau.
Coralie était poète et les mots coulaient de ses lèvres comme autant de perles.
Un soir, alors que Silvio nageait dans le bonheur, une créature féerique entra dans la salle, déployant une traîne de satin brodée et irisée de perles.
Silvio s’éclipsa sans mot dire car il avait décrypté le message subliminal de l’apparition : on le rappelait à son devoir ! Les perles étaient nécessaires à la sublimation de la beauté !
Il marcha vers sa maison et découvrit en y entrant qu’une bonne âme lui avait rendu son lustre d’antan avec quelques notes précieuses.
Un bon feu flambait dans l’âtre, les meubles sentaient bon la cire et un tapis persan habillait le sol avec un éclat princier.
Une jeune femme prénommée Noémie, vêtue d’une robe de lin lui servit un potage aux champignons d’un velouté parfait. Cette compagne venue d’un monde mi-fantastique, mi-provincial lui révéla qu’elle était au service d’une personne de qualité ; cette dernière lui avait donné l’ordre de rendre à la maison sa primitive beauté et de l’accentuer par des ajouts judicieux.
Noémie suggéra à Silvio de se retirer dans sa chambre après le repas pour y dormir car il devrait se lever de bonne heure pour partir en mer chercher les perles dont le monde avait besoin.
Ramené à la réalité, Silvio retrouva ses automatismes. Avant de se coucher, il prépara sa tenue de plongée et il s’endormit en rêvant qu’une pêche miraculeuse de perles au calibre d’exception l’attendait le lendemain.
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