mardi 30 septembre 2025

Le rêve de Salomé

 

 

 

En s’éveillant, Salomé reçut un choc émotionnel tant la réalité se distinguait du rêve qui l’avait propulsée dans un monde merveilleux.

Vêtue d’un péplum blanc brodé de roses d’or et chaussée de sandales spartiates qui accentuaient la souplesse de sa démarche, elle avançait dans un paysage où le marbre réfléchissait l’or solaire.

Elle arriva près d’un temple dédié à Aphrodite, la déesse de l’amour.

Un pommier proposait ses fruits rubis près de l’entrée. Salomé hésita à cueillir une pomme, craignant un sortilège ; un enfant lui offrit un bol d’eau fraîche et une coupe de crème légère agrémentée d’amandes et de pommes coupées en dés.

Elle accepta l’offrande et savoura le composé de fraîcheur. Elle ôta ses sandales et pénétra dans le temple où régnait une atmosphère bleutée.

Les parfums plongeaient l’atrium dans un monde irréel où seule la prière semblait de mise.

Salomé remarqua qu’elle n’était pas seule : des femmes vêtues d’un péplum dont les coloris faisaient vibrer un éventail proche de l’arc-en-ciel, murmuraient des incantations, s’adressant à la déesse pour la prier d’exaucer leur prière.

N’ayant pas de revendication à formuler, Salomé appuyait les soupirs du groupe frappé au cœur.

C’est alors que lui apparut, dans un halo d’argent, un homme à l’allure altière, au sourire désarmant. Ignorant le groupe de pleureuses, il s’approcha de Salomé et lui prit la main avec délicatesse.

Ils quittèrent le temple et marchèrent sans mot dire, unis par une gémellité intuitive.

Avisant un banc ombragé par des lilas indiens, ils s’y installèrent et écoutèrent les sons émanant du bois voisin. L’ombre commençait à développer son voile.

Au moment où Théo, son compagnon, s’apprêtait à lui faire une confidence, Salomé s’éveilla, toute étourdie de reprendre contact avec sa vie de tous les jours.

Plus de lueurs, de chants et d’harmonie, Salomé vivait dans un univers fonctionnel où primait la robotique. Elle prépara un bouillon en utilisant une dosette. Cette boisson chaude l’aida à retrouver son équilibre.

C’était un dimanche soir et Salomé réalisa qu’elle devait préparer des plats pour le lendemain ; elle cuisina un plat classique pour la pause-déjeuner de sa journée de travail dans un bureau de recherches en informatique. Elle cuisina des œufs durs et une galette bretonne garnie qu’elle réchaufferait au micro-ondes.

Elle s’endormit à nouveau mais sa nuit fut paisible et sans rêve de sorte qu’elle partit au bureau à mille lieues du monde hellénistique qui s’était ouvert à elle dans toute sa splendeur.

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