samedi 29 mars 2025

Dorothée aux grands yeux

 

 


Dans un royaume bleu vivait une jeune romancière aux grands yeux d’azur prénommée Dorothée.

Elle marchait chaque jour afin de trouver un thème à développer puis après un repas à base de pousses, de fromage et de fruits des bois, elle s’installait à son écritoire, laissant glisser sa plume au fil de l’inspiration.

Un jour, elle rencontra un paon et eut la surprise de l’entendre parler :

«  Belle Dorothée, il y a longtemps que je souhaite te parler. Ta beauté est si foudroyante que je perds mes mots et ne sais plus que dire si ce n’est que je dépose mon cœur à tes pieds ».

Voilà qui est singulier pensa Dorothée mais elle sourit pour toute réponse.

Elle allait passer son chemin quand le paon la pria de n’en rien faire :

«  Emmène-moi chez toi, ma Douce. Je me ferai discret et je suis sûr que tu trouveras l’inspiration nécessaire pour me placer au centre de l’un de tes romans ».

Le paon a déjà été mis à l’honneur par des romanciers, notamment par Andrei Makine, l’auteur du Testament Français qui obtint le Prix Goncourt en 1995 songea Dorothée mais elle préféra taire ce fait à ce compagnon de rencontre inédit.

Elle accepta la demande de l’oiseau d’autant plus volontiers qu’il appartenait à l’espèce du paon bleu et qu’il avait donc toute sa place dans son royaume à dominante bleue.

Dans la demeure de Dorothée, le paon s’installa tout naturellement dans un fauteuil paon, réclama une boisson qu’il sirota à l’aide d’une paille. C’était un sirop de myrtilles que Dorothée aimait préparer après récolte.

Ce nectar dégusté, le paon s’endormit ce qui permit à la romancière de noircir une trentaine de pages ( par noircir j’entendais bleuir car Dorothée écrivait à la plume ). Elle trempait sa plume d’oie dans un encrier contenant une encre turquoise du plus bel effet.

De temps à autre, elle observait le paon qui était d’une beauté irrationnelle pour un oiseau.

Avant de partir se coucher, elle déposa un baiser sur l’aigrette de son hôte.

Le lendemain, au réveil, elle constata l’absence du bel oiseau. Déçue, Dorothée décida néanmoins de poursuivre sa route.

Elle déjeuna d’un œuf à la coque , d’un bol de café chaud et de tartines beurrées.

Elle mit sa robe de laine, prit sa canne de marche et partit en direction d’un petit bois où elle aimait cueillir des fleurs, ramasser des champignons et des fruits et observer le ballet des oiseaux et les gambades des lapereaux.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire