Du haut de son donjon, les voiles de son Hénin flottant au vent, Philaé, la fidèle épouse d’Amaury de Roscoff, eut le bonheur d’apercevoir, émergeant de la brume, le destrier de son époux. Le chevalier arborait fièrement sa bannière et il était accompagné de son écuyer Benoît de Malestroit.
Elle se hâta de revêtir une robe d’apparat, donna des ordres en cuisine pour qu’un repas fin soit diligemment préparé.
Tandis que les fourneaux rougeoyaient, Clémence et Gilles, les donneurs d’ordre en gastronomie, pressèrent les cuisiniers qui œuvrèrent à l’élaboration de plats délicats, vol-au-vent de poularde truffée, gigot d’agneau aux haricots de Paimpol, fromages du monastère voisin, fraises de Plougastel et pyramide de choux caramélisés à la crème rose.
Philaé esquissa une gracieuse révérence pour saluer le retour de son époux. Amaury la serra dans ses bras. Un parfum paradisiaque enveloppa le couple : la rose de feu se joignait ainsi à la fête des retrouvailles.
Elle s’échappa ensuite sous la forme d’un voile léger qui embauma le château à la manière d’un vent fleuri.
Le seigneur des lieux remercia son écuyer et lui proposa de se retirer dans ses appartements après s’être régalé de plats qui lui étaient destinés. Puis il demanda à son épouse l’autorisation de prendre un bain afin de se défaire des cercles incendiaires qui le suivaient depuis les effroyables batailles menées pour le Roi des Cieux.
Philaé passa délicatement l’éponge sur le corps meurtri de son mari et elle embrassa chaque cicatrice avec émotion.
« Un coup de sabre a failli vous percer le cœur, mon aimé !
Certes, ma mie, et c’est votre livre d’Heures placé en cet endroit qui m’a sauvé la vie. Il me faudra le restaurer car le sabre a percé le voile de votre Hénin reproduit sur la couverture enluminée de votre présent ».
Après cet échange empreint de tendresse, séché et parfumé, Amaury revêtit une tenue légère et confortable qui le soulagea instantanément.
Le port de l’armure était parfois lourd pour les corps fatigués !
Ils firent honneur au repas festif préparé pour leurs retrouvailles.
Puis ils renoncèrent, d’un commun accord, à l’aubade du troubadour attaché à leur service et se glissèrent dans l’alcôve de leurs amours.
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