En s’éveillant dans son île-refuge, Lian eut la surprise de découvrir, à ses côtés, une créature légendaire serpentine couronnée de perles et décorée en son front d’une extraordinaire escarboucle qui brillait de mille feux.
« Je suis la Vouivre, cher dragon et je hante les rivières à l’affût d’un bel homme à emmener dans mon lit fluvial car je suis dotée d’une propension à l’érotisme. Tu serais tout à fait la proie que je désire. J’attendrai que tu aies retrouvé ta forme humaine définitive pour t’ensorceler » dit l’étrange créature.
Pour toute réponse, Lian-Dragon partit à l’autre bout de l’île afin d’échapper à un réel danger : que valait la parole d’une vouivre passée maître dans l’art de la dissimulation ?
« Si je peux m’emparer de l’escarboucle et de la couronne de perles de cette créature diabolique, j’aurai un présent digne de l’élue de mon cœur, la divine Zohra, ma future épouse chérie.
J’ai hâte de quitter à jamais cette dépouille de dragon et vivre comme tous les humains un amour sans nuages » pensa Lian avec force et détermination.
Il se dissimula derrière des buissons et attendit que la vouivre baisse sa garde et se transforme en jolie femme aguicheuse pour séduire un homme non averti.
Pour ronger son frein, il composa une ode amoureuse destinée à la belle Zohra et il venait à peine d’y mettre le point final que la vouivre devint une jeune femme splendide.
Elle posa son escarboucle en diamants et rubis ainsi que sa couronne de perles pour nager dans les eaux vives d’un torrent.
Lian s’en saisit prestement et s’envola vers l’oued pour offrir cet inestimable présent à la divine Zohra.
Ignorant les cris de la vouivre et sa malédiction, il vola jusqu’à l’oued de ses rêves.
Afin de mettre un terme au sortilège de Yama-Uba, il se couronna des perles de la vouivre et posa sur son front l’escarboucle fabuleuse.
C’est sous sa forme serpentine qu’il se présenta à sa dame de cœur.
Pour s’excuser de son apparence monstrueuse, il déclama l’Ode à l’amour qu’il avait composée dont la chute consistait à réclamer un baiser.
Zohra fut transportée et elle déposa délicatement un baiser sur le front du dragon, juste en dessous de l’escarboucle qui tomba dans ses mains ouvertes en guise d’offrande. La couronne de perles coiffa sa chevelure tandis que Lian, resplendissant dans son kimono prestigieux lui faisait face, un doux sourire sue les lèvres.
« Vous avez mis fin au sortilège qui me vouait à une forme serpentine, mon aimée. Soyez mienne à jamais et nous vivrons des heures enchantées dans cet oued du rêve, heureusement inconnu de la plupart des humains ».
La déclaration de Lian provoqua un long frémissement chez Zohra et elle s’abandonna dans les bras de son aimé tandis que Yama-Uba poussait d’effroyables cris de colère.
Pour se défouler, la sorcière s’en prit à la vouivre qui avait permis au prince de séduire physiquement la princesse sous sa forme serpentine.
Après une bataille d’écailles, de langues de feu et de griffes acérées, les deux monstres se calmèrent en disant que les femmes seraient toujours sensibles à l’attrait des bijoux.
On rapporta ces propos à Zohra qui en fut si offensée qu’elle proposa de jeter l’escarboucle et la couronne à la mer.
« C’est votre personne que j’ai aimée , ô mon prince et non ces fabuleux bijoux dont vous me faisiez présent. J’y voyais l’expression de votre âme, si pure qu’elle éclipsait l’eau pure immortelle de ces joyaux.
J’en suis convaincu, ma douce-aimée et je vous prie de garder ces trésors qui mettront en valeur votre incomparable beauté » conclut le prince en l’entourant de ses bras chaleureux.
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