S’appuyant sur le bâton de marche sculpté et décoré de fleurs de cerisier offert par la geisha à son départ, Sakura progressait aisément dans un parcours sinueux, escarpé, quasi montagneux.
La vue d’un aigle lui apprit que son but était proche : les cimes se profilaient à l’horizon. C’est là qu’avait été édifié le monastère contenant un coffret précieux à son nom.
Au moment où Sakura s’apprêtait à déposer son katana pour faire son entrée dans le monastère, un nuage en forme de dragon l’enveloppa d’un voile épais qui lui ôta la vue.
La main sur la poignée de son katana, elle hésitait à fendre le voile, pensant qu’il s’agissait d’un sortilège et qu’elle pouvait irriter une divinité en l’affrontant brutalement.
Elle se banda les yeux d’un loup de soie pour protéger sa vue déjà endommagée et s’assit dans la position du lotus.
Elle médita un couple d’heures et soudain le nuage disparut.
Un jeune prince, avenant et vêtu avec recherche lui faisait face car elle voyait de nouveau !
« On me nomme Haruki, ce qui signifie l’arbre du printemps. Je sais que tu es à la recherche de ton âme fleur de cerisier, Sakura et je suis celui qui doit t’aider à atteindre ton but. Je suggère que tu n’entres pas d’emblée dans le monastère car il est possible que le dragon y soit tapi pour s’emparer de ta personne. Ton katana intéresse à plus d’un titre et certaines divinités rêvent de t’en déposséder. Confie-le moi, j’en prendrai le plus grand soin ».
Hésitant à faire confiance à un inconnu , fût-il semblable à un prince charmant, Sakura prétexta une surdité soudaine et fit quelques pas dans un sentier adjacent qui contournait le monastère.
Elle avança prudemment, la main sur la poignée de son katana et ne fut pas surprise de voir soudain se dresser devant elle un dragon cracheur de feu.
« Donne-moi ton katana ou il t’en cuira » lui dit la créature dont la voix s’apparentait à celle du prince Haruki.
« Je n’en ferai rien et si tu veux t’emparer du legs de mes ancêtres, tu devras me vaincre car on m’a enseigné le code de l’honneur : je le respecterai jusqu’à mon dernier souffle ».
Ces mots prononcés d’une voix ferme, Sakura se mit en position de combat.
Le dragon disparut aussitôt.
Guidée par un concert de grillons, Sakura parvint au monastère par la face sud.
Un homme affable répondant au nom de Takeshi ce qui augurait à la fois sa valeur guerrière, son attachement au code de l’honneur et des velléités amoureuses, l’accueillit d’une voix douce et ferme à la fois.
« Entre, Sakura, tu as mérité la fleur de cerisier qui te caractérise. Je te l’offrirai demain si tu souhaites repartir chez toi. Sache que tu es ici la bienvenue.
Il y a cent ans que les grillons n’avaient pas chanté. Ils t’ont reconnue et honorée par leur chant. Tu es leur élue et tu peux, si tu le souhaites, vivre en ce monastère dont tu seras le plus beau joyau ».
Sakura remercia son hôte, se désaltéra et mangea en sa compagnie. Ils se sentaient si proches l’un de l’autre qu’il n’était nul besoin de masquer un silence parfait de mots inutiles.
« Je crois que ma quête est terminée » dit Sakura avec un doux sourire et elle sut que sa place était ici, en compagnie de Takeshi au regard émeraude.
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