Dans un oued présent dans la mémoire des amoureux régnait Zohra aux yeux d’amande.
Elle aimait se retirer dans sa tente spacieuse tapissée de chefs d’œuvre venus d’Ispahan et décorée de coussins brodés en provenance de la Chine.
Son service en porcelaine estampillé dans une manufacture du royaume de France donnait une touche d’élégance et de finesse à son intérieur douillet.
Les cuisiniers s’affairaient autour de braseros, de fours artisanaux installés près d’un cours d’eau où nageaient des poissons destinés à aromatiser de précieux bouillons.
Des marmitons cuisaient de généreux quartiers d’agneau badigeonnés de miel , des cuisinières préparaient une soupe délicieuse, la chorba, véritable donatrice d’énergie.
« Qu’attendons-nous ? dit un enfant ; Personne, mon petit, mais n’en profite pas pour salir ton bel habit de fête en jouant aux osselets » .
Aicha, la cuisinière en chef avait à peine fini de parler qu’un dragon surgit dans l’oasis, semant l’épouvante et le trouble.
Le dragon rassura tout le monde en se métamorphosant en prince oriental vêtu de soie et coiffé d’une toque en velours surmontée d’une aigrette en diamants.
Il se dirigea vers la tente de Zohra, lui présenta ses hommages et lui offrit un coffret à bijoux où l’on pouvait admirer un sautoir en perles fines, des broches, des bracelets et des colliers en tout genre savamment ornés de pierres fines et de diamants façonnés en rosaces.
La reine accepta le présent, promettant au prince de lui réserver un cadeau inédit en retour. Elle l’invita à prendre place à ses côtés et déclencha les débuts d’une collation généreuse en réclamant des sorbets à l’eau de rose.
Cette entrée en matière achevée, on fit honneur à la chorba où l’orge perlé, la viande séchée et la coriandre déployaient leurs parfums.
La saveur de ce mets était telle qu’on aurait pu s’en tenir là mais Zohra voulait honorer son invité ; c’est pourquoi des plats prestigieux se succédèrent, parts de méchoui, couscous, dattes et noix fourrées aux amandes, pastilla à la rose et gâteaux orientaux au miel.
Du thé au jasmin aida à la digestion et pour conclure le repas de belle manière, Zohra fit venir ses musiciens et ses danseurs pour un spectacle enchanteur.
Le prince dragon demanda ensuite la permission de se retirer et pour ne pas encombrer l’oued où chaque pouce de terrain était utilisé, il s’envola sous son apparence de reptile.
Il creusa son aire dans une île voisine et s’endormit en rêvant au moment choisi où il pourrait serrer la divine Zohra dans ses bras.
Pour cela, il fallait qu’il rompe le sortilège qui l’obligeait à apparaître sous la forme d’un dragon, répulsif en cas de cour passionnée auprès d’une dame.
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