dimanche 30 mars 2025

Le prince Volodia

 

 


Le panier de Dorothée s’emplissait des trésors de la nature contenus dans le petit bois. Outre les produits habituels, fleurs, champignons et fruits des bois, elle découvrit un parterre de cœurs de feu s’apparentant à des rubis.

Éblouie par tant de beauté, elle fit halte sur un banc de bois près d’une fontaine fréquentée par des oiseaux. Elle ferma les yeux, écoutant la symphonie résultant des murmures de l’eau et du chant des oiseaux.

Elle sentit la caresse du vent et crut à un moment que l’on effleurait son front d’un baiser délicat. Elle ouvrit les yeux et rencontra le saphir d’un regard princier : un jeune homme vêtu de soie bleue et chaussé de mocassins dans la tradition indienne, ses cheveux tressés de perles blondes se tenait devant elle, souriant de manière enjôleuse.

« Permettez-moi de me présenter, belle Dorothée : je suis le prince Volodia et je viens des bords de la Volga pour rencontrer celle que l’on présente dans toute l’ Europe comme la descendante de la Belle chantée par les conteurs.

Je vous demande l’hospitalité car j’ai beaucoup marché ».

Le prince prit le panier de Dorothée, y  glissa une parure en saphirs et emboîta le pas à son hôtesse.

Le feu de cheminée avait été entretenu par Aude, la dame de compagnie de Dorothée. Les deux femmes placèrent dans le chaudron qui pendait à la crémaillère les délices du jour nettoyés et coupés en morceaux, champignons, herbes odorantes, fruits secs, ajoutant à l’ensemble forestier un morceau de viande séchée conservée dans le saloir.

Tandis que la soupe mijotait à petits bouillons, les deux femmes s’éclipsèrent pour revêtir une robe d’apparat digne de leur visiteur.

Volodia s’était assis dans le fauteuil paon et un instant, Dorothée eut l’impression que son paon bien aimé était de retour.

Joliment vêtues de robes de satin turquoise, elles dressèrent la table et préparèrent un entremets pour la conclusion du repas.

Volodia sortit de son sac de voyage un pot de caviar, du saumon fumé et des palets au beurre caramélisés. Dorothée fouetta des œufs pour en faire une omelette fourrée aux dés de fromage et l’on se mit en devoir de goûter ces plats issus des terroirs.

On mangea en silence afin d’apprécier chaque bouchée.

Aude servit les amants qui burent de l’eau aromatisée aux fruits des bois.

Volodia sortit de sa musette une flûte de Pan et il en joua avec tant de dextérité et d’émotion que Dorothée laissa couler ses larmes.

La voix caressante du prince la ramena sur terre :

«  Douce aimée, votre trouble est la réponse à ma question, acceptez-vous de m’épouser ? Je sais que vous avez aimé un paon et que vous avez déposé un baiser sur son aigrette. Ne le pleurez plus car il est devant vous. Par ce baiser, vous avez brisé le sortilège qui me retenait prisonnier sous l’apparence de ce bel oiseau. Vous avez aimé un paon, le voilà devant vous sous la forme initiale et définitive d’un prince qui sera , je l’espère, votre prince charmant ».

Dorothée tomba aux genoux de son prince qui la releva prestement pour l’enlacer tendrement et la couvrir de baisers.

Aude prépara la chambre d’amour et sema la courtepointe de pétales de roses puis elle s’éclipsa, laissant les amants goûter les délices de la passion.

 

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