mardi 27 octobre 2020

Dame Pervenche

 



Pivoines, pervenches, perles, bouquets de violettes et de pensées tapissaient le pavillon où Jehan attendait sa dame d’amour pour la demander en mariage et lui offrir ainsi le titre de suzeraine qu’elle méritait plus qu’aucune autre.

Des roses ornaient des vases précieux et un immense plateau d’argent installé sur un trépied contenait mille et une friandises, des tasses en porcelaine et une théière emplie d’un breuvage parfumé attendait que l’on veuille y tendre les lèvres.

Dame Pervenche fit son entrée dans le pavillon et elle comprit d’emblée ce que Jehan des Roselières attendait d’elle : le langage des fleurs, des perles et de la collation gourmande était suffisamment éloquent.

Les tourments d’amour étaient naturellement présents sur le plateau d’argent : Josépha y avait mis tout son cœur et son talent pour les rendre encore plus appétissants et savoureux que de coutume.

Jehan des Roselières prit les mains de sa dame et les emprisonna dans les siennes.

Il lui demanda courtoisement d’accepter de devenir son épouse, vœu qui lui était le plus cher.

Très émue, Pervenche s’assit près de son futur époux sur un sofa, posa sa jolie tête sur son épaule et retenant son souffle, lui demanda s’il était bien certain de son choix :

«  Vous pourriez prétendre à une dame de haute lignée, ce que je ne suis pas » dit-elle mais Jehan l’enlaça, l’embrassa ardemment et entre deux étreintes, lui jura qu’il l’avait aimée au premier regard et qu’aucune autre jeune femme ne pourrait lui donner l’amour qu’il était en droit d’attendre en sa qualité de suzerain.

« Soyez certaine, ma mie, que vous recevrez plus d’amour que vous pourriez en attendre d’un amant passionné et fougueux tant l’ardeur  que je vous porte est aiguillonnée par le désir ».

Ils goûtèrent les délices préparés pour leur rencontre officielle et ils se quittèrent, le corps embrasé par des flammèches prêtes à devenir un brûlot d’amour.

Ils s’unirent le lendemain dans la chapelle du château, participèrent à un repas de noces, simple et bon.

Capucine, Doria, Alexandra de Jésus et Josépha du Gosier avaient tout mis en œuvre pour que le souvenir de ces agapes soit mémorable.

Fricassée de volaille flambée à l’armagnac, blinis au foie gras d’oie et à la gelée de roses,vol-au-vent de salmis de palombes, gigot d’agneau rôti aux fèves, purée de butternut et choux farcis à la paysanne, filets de soles et dos de saumon à la royale ravirent tous les convives.

Des plateaux de fromage circulèrent à la ronde puis les fameux tourments d’amour et la pastilla à la crème aromatisée à la rose enchantèrent les gourmands.

Vint ensuite une pyramide de choux caramélisés fourrés à la crème d’amandes et aux pralines, des fruits confits et des bols de crème mousseuse aromatisée à la bergamote et à l’angélique clôturèrent le repas avec magnificence.

Les mariés s’éclipsèrent tandis que les convives regagnaient leur chambre, par décence ou prenaient l’air dans les jardins, badinant ou rêvant selon les circonstances.

Jehan fit preuve d’une infinie délicatesse pour s’unir charnellement à la dame de son cœur et lorsqu’ils s’éveillèrent, à l’aube, ils eurent l’impression de ne plus faire qu’un.

Après un dernier baiser fougueux et passionné, les époux se préparèrent à affronter le jour.

Jehan devait cependant préparer son bagage armé pour se rendre à l’île d’Avallon afin d’en rapporter la fabuleuse Excalibur.

Quant à Dame Pervenche, le corps et l’âme apaisés, elle reprit ses fonctions auprès de ses compagnes, rêvant du bel enfant qu’elle ne manquerait pas d’avoir tant leur nuit d’amour avait été digne des Mille et Une Nuits !

 

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