jeudi 22 octobre 2020

Fleur des Genêts

 



Lassé de n’être que le double de Jehan des Roselières, son frère jumeau qui régnait en souverain dans le château de Fol Espoir et sur les terres attenantes au royaume, Fleur des Genêts décida de partir , à son tour, sans ordre de mission précise, sur la trace de tous les voiles noirs qui assombrissaient les derniers jours du Roi Arthur et de ses vassaux.

Il se dirigea dans les landes de Brocéliande vers un mystérieux triangle qui allait du château de Comper au Val-sans –Retour, le tombeau de Merlin et la fontaine de Barenton formant un éperon granitique où cascadait une source vivifiante gardée par un terrible chevalier noir

Fleur des Genêts avait jadis choisi ces couleurs pour défier son frère dans un tournoi mais aujourd’hui, pour complaire à son suzerain, il arborait des couleurs arc-en-ciel qui mettaient en valeur ses beaux yeux bleus.

Près du château de Comper, il vit un bel étang où s’ébattaient colverts, cygnes et sarcelles.

Un castelet en briques rouges, caché dans un bosquet, n’échappa pas à sa vue et il eut envie de faire connaissance avec ses habitants.

Un palefrenier s’occupa de son cheval tandis qu’un écuyer l’introduisait auprès de Dame Aude de Barenton, la maîtresse des lieux.

L’entrevue fut chaleureuse.

Dame Aude félicita son hôte d’appartenir au cercle de la Table Ronde du renouveau.

Elle lui apprit son veuvage : son époux, le dernier protecteur de la fontaine de Barenton, Gilles le Téméraire, était mort dans des circonstances mal définies.

Lorsqu’un inconscient s’emparait du gobelet d’or attaché à la pierre principale de la fontaine et répandait l’eau de la source, une terrible tempête se déchaînait. Alors, son époux, vêtu de noir défiait l’étourdi en un combat singulier qu’il gagnait toujours.

Cependant il arriva un imprévisible drame.

Gilles le Téméraire fut défait dans un combat et on lui rapporta son corps sur une civière drapée de noir.

Le nom de son adversaire ne fut jamais révélé.

Une bien douloureuse énigme dit Fleur des Genêts et si vous me le permettez, gente dame, j’ajouterai une mission, venger la mémoire de votre époux, à celle que pourrait me confier mon frère et mon suzerain.

Je n’aurai de cesse de retrouver le meurtrier de votre époux et de l’occire.

N’en faites rien, mon ami, lui répondit la dame. Je serais triste de vous perdre également : cet homme doit certainement combattre sans respecter les lois de la chevalerie sinon mon mari serait encore en vie.

Fleur des Genêts prit note du choix de sa dame de cœur car il sentait naître en lui les prémices d’un grand amour.

De plus, il lui semblait que Dame Aude éprouvait des sentiments pour sa personne.

Cette attirance justifiait le fait qu’elle ne désirait pas être vengée, ce qui était contraire à l’éthique chevaleresque.

Les futurs amants se retirèrent dans leur suite, chacun rêvant, à sa manière, à l’autre.

Le lendemain, Fleur des Genêts quitta sa dame en lui promettant d’éviter les dangers inutiles et de rester concentré sur la quête du Graal, la noble tâche si complexe qui incombait à tous les chevaliers.

Dame Aude se retira dans son oratoire, priant pour que cette promesse d’amour ne lui fût pas ôtée.

Quel bonheur ce serait d’être unie à un si beau chevalier, capable de m’offrir l’amour dont je suis actuellement sevrée, pensait-elle entre deux «  Je vous salue, Marie » !

Ses prières eurent une certaine efficacité car Fleur des Genêts put mener son enquête personnelle sans encombre et il revint au château de Fol Espoir, amoureux et décidé à demander officiellement la main de la femme qui avait bouleversé son cœur.

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