jeudi 8 octobre 2020

Rodrigue, le prince de l'amour

 


« 


Rodrigue, as-tu du cœur » ? Tout le monde se souvient de cette apostrophe et oublie que, dans le contexte du siècle voué  au théâtre, « cœur » signifie courage et qu’il s’agit, en l’occurrence d’une invitation au duel.

«  Beau comme le Cid » ! Un ange violoniste prononça ces derniers mots et Rodrigue s’éveilla.

Il se rassura en pensant que personne ne l’envoyait sur le sentier de la guerre mais il éprouva un pincement au cœur en se rappelant également que personne ne l’aimait.

Sa mère était partie pour d’autres cieux après lui avoir fait le cadeau de ce prénom sonnant comme les éperons d’un fier cavalier parti conquérir une belle inaccessible.

 Rodrigue cependant était un prince timide, capable de se métamorphoser en Cyrano ardent à la lecture d’un roman passionnant, La Chartreuse de Parme de Stendhal ou Guerre et Paix de Tolstoï ou encore à l’audition d’une pièce de Racine, Bérénice ou Andromaque.

Désireux de presser sur sa poitrine une jeune beauté capable de susciter passion et douceur, Rodrigue partit à la conquête du bonheur.

Il prit un sentier de randonnée, écouta le chant des oiseaux, admira les fleurs des champs qui formaient une ronde enchanteresse et, au détour d’un chemin pierreux, rencontra une belle jeune fille qui semblait poursuivre le même but que le sien.

Ils prirent place dans un oratoire bien entretenu et fleuri.

Sans mot dire, ils laissèrent leur esprit divaguer par-delà l’horizon du rêve.

Après cette pause votive, ils cheminèrent côte à côte, décidés à faire plus ample connaissance.

La maison de la grand-mère de Delphine étant toute proche, Rodrigue accepta d’y faire  une halte.

La grand-mère de la jeune fille, prénommée Céleste, portait l’azur dans ses beaux yeux. Elle était encore alerte et se mit en devoir d’honorer la visite de sa petite fille et de son chevalier servant qui avait belle allure.

Elle leur servit orangeades et citronnades et gâteaux sablés agrémentés de confiture d’airelles et de chocolat blanc, ce qui enchanta ses invités.

De plus, ils eurent le loisir, durant cette collation, de se sentir proches l’un de l’autre.

Ils n’avaient pas besoin de parler pour ressentir une tendresse réciproque et lorsqu’ils prirent congé de Céleste, ce fut avec des effusions attendries de la part de Delphine et une infinie reconnaissance de Rodrigue envers la septuagénaire hospitalière.

Ils se quittèrent en se donnant rendez-vous le dimanche suivant.

Delphine mit ces quelques jours  à profit pour confectionner une robe pimpante et Rodrigue écrivit une ode à sa bien- aimée.

Ils se promenèrent dans un jardin public, admirèrent les fleurs d’une serre et c’est près d’un olivier centenaire que Rodrigue déclara son amour à la jeune fille, l’enlaça et la couvrit de baisers fougueux.

Delphine sentait son cœur battre follement dans sa poitrine et elle s’abandonna, sans difficulté, à ce bel amour prodigué par le ciel et sa céleste grand-mère !

Rodrigue adressa une muette supplique à sa mère qui finalement, lui avait choisi le plus beau des prénoms !

 

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