lundi 19 octobre 2020

Le combat des chevaliers

 



Le jour du tournoi, dames d’amour et personnalités au nombre desquelles figuraient les fils de Lancelot, sous la présidence de Jehan des Roselières, prirent place dans la tribune d’honneur.

Les chevaliers s’inclinèrent devant leur dame et enroulèrent leur ruban au bout de leur lance, leur promettant la victoire.

Les combats se déroulèrent selon les codes habituels tandis que le public, venu de tous les horizons, se massait derrière les barrières de bois, gardées par des hommes en armes appartenant au château.

Benoît des Forges, galvanisé par la perspective de s’incliner en vainqueur devant son Hélène de légende, tint longtemps la dragée haute aux chevaliers qui l’affrontaient  par tirage au sort mais il fut finalement défait par Norbert du Hainaut qui arborait fièrement un morceau du voile rose de Soraya qui avait été placée dans la tribune aux côtés de Marguerite de Brocéliande.

La féerie était ainsi royalement représentée et les deux créatures de rêve frémissaient en espérant que leur poulain finisse par triompher, redoutant par ailleurs une blessure profonde contractée dans le choc frontal des épées.

Jehan des Roselières fit une annonce, déclarant qu’il n’était pas nécessaire de pourfendre son adversaire en affirmant qu’il s’agissait surtout d’un concours d’adresse et de bravoure.

La Table Ronde ne pourrait accueillir un infirme voire un moribond et c’est dans la perspective d’y paraître et de se préparer à la quête du Graal qu’il fallait frapper d’estoc et de taille !

Les combats y gagnèrent en élégance et en adresse et chaque chevalier eut à cœur de triompher de son adversaire sans verser trop de sang.

Alors que les derniers chevaliers livraient d’ultimes assauts pour se démarquer, chacun rêvant d’être le héros s’inclinant devant sa dame en lui rendant son ruban comme gage d’amour, un chevalier inconnu se présenta.

Tout de noir vêtu, masqué, il entra en lice sans s’incliner devant une dame et combattit avec tant d’adresse que Jehan des Roselières arrêta les combats, demandant une pause pour revêtir son armure et combattre ainsi le chevalier inconnu.

Avant le combat, il s’inclina devant Pervenche, revêtue de ses plus beaux atours et parée comme une reine, le page personnel du seigneur lui ayant apporté le trésor étincelant, la surprise annoncée, puis il entra fièrement en lice, décidé à briser l’orgueil de ce chevalier sans nom en le jetant à terre.

Le combat fut terrible et incertain.

Pervenche et d’autres dames retenaient leur souffle, rêvant, pour la plupart, de se trouver ailleurs, en train de broder ou de préparer des plats destinés à offrir un peu de bonheur à autrui.

Ces combats ne les passionnaient guère et elles avaient hâte que le seigneur en finisse rapidement et qu’il fasse rendre gorge à ce chevalier noir, plein de vergogne et de courroux.

Finalement, Jehan des Roselières prouva à tous qu’il était digne de siéger en maître à la Table Ronde car il mit à terre le chevalier noir dont il ôta la visière.

Quelle ne fut sa surprise de se voir en miroir : ce chevalier noir n’était qu’un autre lui-même !

Lorsque le vaincu eut repris ses esprits, Jehan demanda à son écuyer de lui remettre sa visière pour préserver cette étrange similitude et de l’emmener dans ses appartements, sous bonne garde.

Ces dispositions prises, il s’inclina devant la reine du tournoi, l’incomparable Pervenche et lui remit solennellement le ruban de la victoire.

Il décerna ensuite des récompenses honorifiques à des chevaliers qui avaient fait preuve de vaillance puis il donna le signal du retour au château où chacun mena amours et repos selon son désir.

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