lundi 5 octobre 2020

Le Livre de l'Enchanteur

 



Un jour, en terre de Brocéliande, un enchanteur, lointain descendant de Merlin, perdit son livre sacré, celui où il notait ses réussites et les formules qui permettaient leur réalisation, à la manière d’une fleur merveilleuse que l’on trouvait près des dolmens.

Il voulut taire ce lourd secret mais incita tous les petits génies de la forêt à quadriller le terrain pour retrouver ce manuscrit précieux qui pouvait s’avérer dangereux en tombant dans les mains de personnes mal intentionnées.

C’est une petite fille, Nolwenn, partie à la recherche de la maison des Trois Ours qui trouva le merveilleux grimoire, tombeau des fées du Val-Sans-Retour.

Elle l’enveloppa dans son écharpe et s’en retourna chez elle où elle ne dit mot à personne de sa miraculeuse trouvaille.

Le soir, à la chandelle, elle lisait une page, admirait les illustrations sans bien comprendre les équations mathématiques qui donnaient une clef ouvrant une porte du royaume des fées.

En grandissant et en suivant les cours dispensés à l’école, elle se piqua de mathématique jusqu’à vouloir ressembler à Cédric Villani, mathématicien-poète, plus connu pour ses Lavallière que pour sa médaille Fields aux yeux du grand public.

Un jour, grâce à ses progrès en mathématiques appliquées, Nolwenn parvint à résoudre une option magique, ouvrir le cœur endurci d’une personne narcissique et égoïste.

Il y avait, dans sa classe, deux enfants réputés pour leur froideur et leur méchanceté.

Elle jeta son dévolu sur Arthur et récita mentalement la formule en le fixant dans les yeux, une main sur le cœur.

Nolwenn sentit un vent tourbillonnant et entendit le bruit cristallin d’un verre qui se brise et elle se trouva tout à coup face à un Arthur métamorphosé.

Il lui proposa aimablement de la raccompagner chez elle au sortir de la classe car, lui dit-il, les rues ne sont pas sûres et une jolie petite fille comme toi court les plus grands risques.

C’est un Arthur transformé en chevalier servant qui ramena Nolwenn chez elle et, pour le récompenser de sa peine, la maman de la petite fille lui proposa une part de sa tarte amandine aux poires pochées avec un chocolat chaud.

Arthur se montra si aimable que la mère de Nolwenn l’invita à participer à la fête d’anniversaire de sa petite dernière, ce qu’Arthur accepta avec enthousiasme, promettant d’apporter la plus belle des surprises à l’adolescente en herbe.

«  Tu ne m’avais pas dit que tu avais un camarade de classe aussi charmant » lui dit sa mère après qu’Arthur s’en fut allé, non sans avoir prodigué moult remerciements et formules de politesse bien choisies.

Eh bien Maman, c’est tout nouveau. Sa voix a mué et son comportement s’est modifié totalement. C’était un garçon rebelle, moqueur et vindicatif, il est devenu un émule du prince charmant, lui répondit malicieusement Nolwenn et elle ajouta : j’ai hâte de connaître le cadeau surprise qu’il me réserve.

Puis elle s’éclipsa dans sa chambre pour tenter de résoudre une autre énigme.

Sa déception fut terrible : le grimoire avait disparu !

Elle ne voulut pas questionner sa mère de peur de devoir avouer qu’elle avait introduit à son insu un objet étranger dans leur demeure.

Bien lui en prit car sa mère n’avait nullement découvert le livre, soigneusement protégé par le papier réservé aux fournitures scolaires.

C’est la fée Clochette qui avait déniché le livre magique en observant chaque soir la petite Nolwenn.

Elle avait écouté les conversations des enfants dans la cour de récréation et deviné que la conversion d’Arthur était due à une opération relevant de la magie.

L’enchanteur retrouva son ouvrage, heureux de constater qu’il était en bon état, la petite Nolwenn en ayant pris grand soin.

Décidé à lui faire un cadeau mémorable pour la remercier, il confia à la fée Clochette le soin de trouver ce qui ferait plaisir à l’enfant.

Ce qui lui plaît c’est la magie dit la petite fée.

Qu’à cela ne tienne répondit l’enchanteur, pour la satisfaire, je vais créer une école de magiciens et elle y aura sa place.

Génial dit la fée Clochette et je suggère que l’on imagine un stratagème sous forme de cadeau inédit pour sa mère afin qu’elle accepte les cours de magie.

J’ai ce qui lui donnera un apport conséquent pour les tâches ménagères : un robot capable d’entretenir la maison et un auxiliaire de cuisine.

Elle sera ainsi prête à concourir à notre à notre entreprise de magie.

L’anniversaire des douze ans de Nolwenn fut mémorable.

Deux robots se présentèrent. L’un d’eux avait une enveloppe destinée à Madame Le Guen, la mère de Nolwenn.

Elle l’ouvrit et découvrit des invitations nominatives pour participer à des cours de cuisine dispensés au sein de l’école créée par Magic Master.

Nolwenn était invitée à se présenter à l’école pour parfaire son éducation en mathématiques et en poésie.

Maman ne put qu’approuver ces invitations et l’enchanteur se félicita d’avoir trouvé l’intitulé «  Mathématiques et Poésie » pour désigner la magie ce qui était une astuce inédite destinée à présenter la magie sous un jour aimable susceptible  de plaire aux parents.

Arthur déclencha un enthousiasme non feint en arrivant en Montgolfière, à la façon de Jules Verne, son auteur favori.

Il se posa devant la porte de la maison en délestant la nacelle de cadeaux soigneusement enveloppés.

Il y avait de beaux livres illustrés, une lampe à huile chère à Aladin, un tapis volant et un service à café en porcelaine provenant de Limoges, de même qu’un service à thé luxueux que ses parents avaient déniché dans les souks de Marrakech et dont ils avaient accepté de se séparer.

La Montgolfière est pour toi, à condition que ta mère y consente.

Nous verrons dit Maman prudemment mais une voix joyeuse dit clairement : bien entendu car je serai là pour aider à la manœuvre.

Papa revenait d’un voyage humanitaire et il n’avait pas oublié l’anniversaire de sa fille chérie.

Rassure-toi lui dit-il, je ne t’ai pas rapporté de girafe ni même un éléphant.

Tes cadeaux arriveront par bateau puis par la route.

Tu auras ainsi  une surprise différée mais voici toujours en attendant, un joli boubou bleu que je t’ai acheté à Dakar, un burnous et des babouches qui viennent d’Alger ainsi que des colliers de perles en verroterie qui t’iront à ravir, ma jolie fée. Ils proviennent du village où a vécu le grand poète romancier Mouloud Feraoun. Je t’offre également un exemplaire de l’un de ses ouvrages qui a fait le tour du monde Le Fils du Pauvre.

Nolwenn ne savait comment remercier sa famille et ses amis pour tous ces cadeaux fabuleux.

De plus, des amis de classe avaient fait irruption dans la maison rustique de ses parents avec des présents originaux et charmants.

Maman exhiba fièrement le gâteau d’anniversaire qu’elle avait cuisiné avec amour.

Les robots l’aidèrent à dresser la table et ce fut avec force que Nolwenn souffla les douze bougies.

L’enchanteur était si heureux d’avoir une filleule aussi remarquable que Nolwenn qu’il décida de créer un livre de magie à la portée des enfants.

Un nuage de douceur enveloppa la maison d’une future magicienne diplômée et chacun se sentit prêt au bonheur.

 

 

-           

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire