mercredi 21 octobre 2020

La Table Ronde de Brocéliande

 



L’inauguration de la Table Ronde commandée à un ébéniste de Brocéliande, fut magistrale.

Jehan des Roselières présidait le cercle des douze, avec, à sa droite, Fleur des Genêts et à sa gauche, François de Malestroit, son ami fidèle.

On y voyait tout naturellement les chevaliers qui s’étaient distingués lors du tournoi.

Benoît des Forges, Norbert du Hainaut étaient encadrés par Tristan-Lou et Enguerrand le Magnifique, les frères aînés de Jehan et Fleur, jumeaux de légende.

Jocelyn de Rohan, Perceval d’Audierne, Benoît des Forges formaient un trio magique, blonds au charme indéfinissable : Merlin semblait être leur père spirituel tant l’éclat de leurs yeux profonds scintillait en émeraudes, turquoises et onyx.

C’est à ces trois chevaliers qu’incomba la première mission ordonnée par Jehan. Il s’agissait de parcourir, en suivant les indices laissés par Chrétien de Troyes, l’itinéraire de Perceval le Gallois, le seul à avoir aperçu le Saint Graal.

Votre charme est tel leur dit-il en guise d’explication pour justifier son choix que les jeunes filles et les aïeules vous feront spontanément des confidences.

Ne partez pas armés. Vos écuyers vous suivront à bonne distance en tenant à votre disposition vos destriers et votre bagage chevaleresque.

Voyagez sous l’identité de bacheliers férus de poésie et admirateurs de la geste arthurienne.

Dites que vous préparez une thèse que vous soutiendrez à la Sorbonne et les cœurs s’ouvriront.

Les trois chevaliers jurèrent de se montrer dignes de cette noble mission et à l’issue du conseil, ils préparèrent leurs bagages sans omettre les livres de Chrétien de Troyes comme justificatifs pouvant les mener à la résolution de l’enquête.

La seconde mission fut confiée à Christian de Ploërmel et Bertrand des Lices : il s’agissait de percer le mystère de la disparition du Roi Arthur car sans cette révélation, aucune quête ne pourrait aboutir.

Des témoins de sa dernière bataille l’avaient vu mourant mais d’autres prétendaient qu’il s’était embarqué, blessé, auprès de trois femmes qui ressemblaient à des fées, leurs cheveux dénoués flottant au vent, à bord d’une barque dont une voile triangulaire assurait la capture motrice de la brise.

On pensait que la mythique île d’Avallon était la destination de la barque étrange et féerique.

Des témoins complémentaires dirent avoir vu une main cerclée de bracelets celtiques, aux doigts bagués, sortir des flots pour se saisir d’Excalibur, l’épée du Roi.

Nous devons savoir avec précision ce que sont devenus le roi Arthur et son ami et rival en amour, Lancelot du Lac, père de votre roi et de ses trois frères, Fleur des Genêts, mon jumeau, étant un autre moi-même comme vous pouvez tous le constater.

Bertrand et Christian, je vous crois capables de mener à bien cette mission difficile car je sais que vous avez étudié les œuvres anciennes auprès des moines de l’abbaye de Paimpont.

L’habitude de la lecture, de la méditation et de l’amour de votre prochain vous rend indispensables et uniques.

Je vous souhaite donc de découvrir le devenir de ces preux chevaliers après leur dernière bataille qui se solda par une terrible défaite.

Par ailleurs, nous aimerions savoir ce qu’il est advenu de la reine Guenièvre, notre mère.

On nous a annoncé sa mort  mais il y a tant d’énigmes dans le parcours de sa vie que rien ne pourrait nous étonner.

Quant aux autres chevaliers, je leur demanderai de veiller à la bonne marche des unités affectées à Fol Espoir, le château royal et de déjouer promptement toute entreprise néfaste qui conduirait à la destruction de notre royaume et à la mort.

Si le roi Arthur, notre prédécesseur, a échoué dans son entreprise, c’est moins par manque de vaillance que par la traîtrise de chevaliers félons, à commencer par son propre fils, Mordred, issu d’une union avec sa demi-sœur Morgane, une nuit de Samain, toutes les folies étant permises durant ce court laps de temps.

Celui qui me rapportera Excalibur aura droit à ma reconnaissance éternelle et le droit de prétendre au trône, à ma suite.

Ayant ainsi parlé et délivré des ordres de mission destinés à rendre au royaume de Brocéliande sa grandeur passée, Jehan mit fin à cette réunion décisive pour l’équilibre du royaume.

Chacun partit pour préparer une expédition, lire un ouvrage édifiant capable de les mener à la victoire.

Jehan se promena dans les jardins du château, se perdit dans les allées qui menaient au pavillon d’amour, fut à peine étonné de croiser la belle Pervenche à qui, cette fois, il osa dérober un baiser.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire