vendredi 16 octobre 2020

Les Fils de Lancelot

 



Sortis du couvent où s’était réfugiée la reine Guenièvre pour échapper à la vindicte d’Arthur, son royal époux, des fils de Lancelot, inconnus de tous, essaimèrent dans les campagnes, chantant le renouveau et la remise en train de la conquête du Graal, calice sacré destiné à rendre au pays son identité et sa force.

Il y avait là Tristan-Lou, Enguerrand le Magnifique, aussi doué à l’épée qu’à la harpe celtique et le plus mystérieux des chevaliers, Jehan des Roselières, ainsi nommé pour son amour des chemins sinueux, inscrits dans les marais et les zones de bocages créés au bord des étangs.

Jehan des Roselières jeta son dévolu sur un château moyenâgeux, disposant d’une salle d’armes et d’une immense salle où il avait fait installer une table ronde, réplique à l’identique de la Table Ronde du Roi Arthur, avec ses douze sièges et le siège périlleux qui attendait le chevalier hors du commun , prêt à tenter mille aventures pour rapporter le feu sacré, en l’occurrence, le Graal.

Jehan des Roselières parcourut des lieues à cheval et de nombreuses jeunes filles révèrent de tomber en amour dans ses bras car il tenait de Lancelot, son père, un charme indéfinissable qui surclasse la beauté.

De son côté, Jehan n’était pas insensible à ces roses qui ne demandaient qu’à être respirées voire cueillies mais il se disait que le moment n’était pas venu de batifoler dans les prairies de l’amour.

Le pays avait besoin d’un réel soutien et les bras armés ne pouvaient devenir un refuge pour des caresses passionnées.

Messire, osa lui dire un jour une très jolie jeune fille prénommée Pervenche, si votre mère n’avait pas succombé aux charmes de Lancelot du Lac, le grand et magnifique chevalier de la Table Ronde, vous ne seriez pas de ce monde pour nous aider à conquérir notre destin.

Cela est si bien dit, charmante Pervenche, que je vous retiendrai sur mes tablettes honorifiques mais , ne pouvant vous assurer d’un avenir conjugal, je vous laisse libre  de faire un autre choix.

Sans attendre la réponse de la jeune fille, Jehan des Roselières pressa son étalon Etoile du Nord et revint au château afin d’organiser des réunions et de conduire la quête du Graal en commençant par le château où il avait été aperçu pour la dernière fois.

Ses frères, Tristan-Lou et Enguerrand le Magnifique furent les premiers à venir s’installer au château de leur frère qui fut baptisé Fol Espoir tant la recherche du Graal et surtout sa conquête semblaient relever du plus merveilleux des hasards.

Pour recruter des chevaliers, Jehan des Roselières organisa un tournoi et il envoya des invitations à tous les seigneurs des alentours.

Il fit incruster une pervenche sur son bougeoir , en hommage à la charmante jeune fille qui lui avait parlé  si hardiment en chemin et il demanda aux brodeuses d’inclure cette fleur de rêve dans toutes les pièces de son linge de maison et il en fit son emblème qui apparut sur son oriflamme.

Ces préparatifs terminés, on recruta des cuisiniers et des serviteurs ainsi que des décorateurs.

Jehan fit également appel à des jeunes filles et jeunes femmes pour veiller à ce que tout soit réalisé selon les critères de la bienséance.

Pervenche fit partie de ces jeunes recrues mais elle ne voulut pas mettre le seigneur des lieux dans la gêne et elle se comporta avec beaucoup de modestie.

Enchanté de revoir celle qui occupait ses pensées et enrichissait ses rêves par sa beauté, Jehan retint sa candidature et lui confia le rôle envié de gouvernante.

Pervenche serait ainsi chargée d’assurer le bon agencement  de toutes les activités festives  et la bonne tenue des axes cruciaux de la vie au château et ses alentours, veillant à ce que les jardins soient fleuris et comprennent des carrés potagers où l’on cultiverait légumes de saison et plantes odorantes.

« N’oubliez pas d’inclure des pervenches »lui murmura Jehan à l’oreille dans un couloir dérobé.

Rougissante, la jeune fille reçut le message et le prit pour ce qu’il était, une promesse d’amour.

Fol Espoir bruissa comme une ruche et chacun attendit, le cœur battant, que la fête commence et que s’ensuive le plus beau des tournois qui révèlerait la vaillance des meilleurs chevaliers.

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